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Critiques de Victor Tausk (1)
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Oeuvres psychanalytiques

La tyrannie, c’est ça la théorie freudienne. Enfin, c’est ce qu’on dit, en supposant que Victor Tausk s’est suicidé parce que papa Freud n’a pas été gentil avec lui, c’est-à-dire qu’il ne l’a pas pistonné pour l’analyser et pour lui faire connaître la gloire des théories fumeuses. On soupçonne d’autant plus cette jalousie freudienne que le gosse semblait avoir du succès en son temps dans les cercles de la psychanalyse. Pourquoi ? Voyons-voir. Allons-y pour le recensement des thèmes :





1- L’onanisme. Quand vous étiez gosse et qu’on vous chopait la main dans le sac, on vous disait d’arrêter parce que ça rend sourd ? C’est de la faute à Victor, et aux autres types de son aca-bite.





2- A propos de la psychologie du délire d’action des alcooliques. On pioche un peu par-ci (rêve d’action impossible), on pioche un peu par-là (delirium tremens) et c’est aussi imbuvable qu’un bloody mary.





3- Dévalorisation du motif du refoulement par récompense. Chez les névrosés, le retour du refoulé doit s’accompagner d’une récompense psychique (joie, plaisir) pour se faire accepter. Pas la peine chez certains individus (qu’on appellera plus tard psychotiques) car ceux-ci ont déplacé l’affect déplaisant, si bien qu’ils sont capables d’associer sans aucun affect. Une bonne intuition ici de la dichotomie névrose/psychose sur laquelle on se casse encore les dents aujourd’hui.





4- Représentation dans le rêve de la posture du rêveur. Il y a des similitudes. Bravo pour la perspicacité, mais les corrélations n’indiquent pas forcément grand-chose.





5- Contribution à la psychologie de la sexualité infantile. On n’ose parler de cul, quand il s’agit de gosses, qu’à travers l’exploitation perverse de leurs petits rêves innocents. Insignifiant, Freud a fait mieux.





6- Deux rêves homosexuels. Idem. Exercice de style freudien.





7- Un rêve de chiffre. Bis.





8- Brèves contributions à l’analyse des rêves. Idem.





9- Une forme particulière de fantasmes obsessionnels. L’obsession considérée comme un déplacement. Intuitivement juste.





10- Contributions à la psychopathologie de la vie quotidienne. Imitation freudienne, modulo l’aveu (jamais clairement avoué chez le papa simon) que le fric, quand même, ça motive à écouter les patients : « Sans m’en rendre compte, j’avais pris une voiture de la ligne X au lieu d’en prendre une de la ligne Y, et m’en retournai précisément au lieu d’où je venais, dans la direction du patient de qui je n’avais pas voulu être payé. Mais mon inconscient voulait aller chercher ses honoraires. »





11- Contribution à la psychologie du déserteur. Déjà, discussion sur la pertinence de juger de la responsabilité du crime commis par une personne maintenant que l’inconscient a fait son apparition sur le parvis public : tous coupables ou personne ne l’est ? Ensuite, catégorisation des différents types de déserteurs : les cons (description édifiante : « Ce sont pour la plupart des paysans d'un certain âge et l’on peut bien dire qu’ils sont tous psychiquement plus ou moins débiles. […] L’idée qu’ils se font de l’Etat ne dépasse pas le sentiment d’injustice qu’ils ont toujours ressenti à devoir payer des impôts. […] Ils trouvent donc des moyens pour échapper aux obligations du service sans entrer en conflit avec la loi. Et parmi eux, seuls les plus sots optent finalement pour une véritable désertion. A l'hôpital, ils frappent par la niaiserie de leur hypocondrie et l’indétermination avec laquelle ils se plaignent de toutes sortes de maladies. Ils irritent ou font rire les médecins par leurs gestes de malades tout à la fois finauds et stupides, si faciles à démasquer ») ; les rebelles ; et les nobles (ceux avec qui Victor peut s’identifier, ceux-ci méritent qu’on leur foute la paix bien sûr). Comme la psychanalyse, en quelque sorte aux avant-gardes du structuralisme, s’amuse à inverser les conceptions archaïques (pour mettre sur le tapis des produits à peine plus fameux), la question finale ici posée sera : les usuriers de la guerre sont-ils pas pires que les déserteurs ? Pour l’époque, c’était quasi-couillu.





12- Remarques sur l’essai d’Abraham « L’éjaculation précoce ». On comprend pourquoi il était plus rigolo de travailler là-dessus que de bosser sur la « Critique de la raison pratique » de Kant.





13- De la genèse de l’appareil à influencer au cours de la schizophrénie. Pour tout vous dire, c’était le seul essai que je voulais vraiment lire de tout ce merdier, et le seul dont on se souvienne à propos de Victor. Il a remarqué que certains schizophrènes ont l’impression d’être contrôlés dans leurs corps et dans leurs pensées par une machine (parfois un être humain) qui s’empare de leur conscience. L’individu agit comme s’il était autre. Victor nous décrit ça en termes de projection, révélant la division subjective éprouvée dans le réel par le sujet psychotique. On se pose des questions : s’agit-il d’une régression qui permet au sujet de renouer avec les influx nerveux qui parcourent son corps aux premiers instants de sa vie ? quels sont les rapports réels entre le monde extérieur et la vie psychique du schizophrène lorsque celui-ci s’inspire des éléments culturels de son époque pour exprimer son conflit intérieur ? Sous son apparente orthodoxie, cet essai révèle une critique de quelques thématiques freudiennes. Il paraît que ce que le père Freud n’aurait pas aimé là-dedans, c’est la distinction implicitement suggérée entre libido corporelle et libido psychique. Mais enfin, on ne voit pas pourquoi Freud se serait branlé contre ces petites cuisses théoriques maigrichonnes, d’autres chats méritaient d’être fouettés avant de s’en prendre à cette remise en question pas moins anecdotique qu’une autre.





14- Contributions à la psychopathologie de la vie quotidienne. Enième exercice d’admiration freudienne.





Verdict : Freud disculpé. Ce n’est pas son mépris jaloux qui a forcé Victor à se suicider –ce dernier était suffisamment soumis à son grand maître pour ne jamais pouvoir lui faire de l’ombre et, on le sait bien, on ne tue jamais celui dont on n’a rien à craindre.

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