C'est moins la vie d'un homme que celle de sa ville et de son époque qui est retracée ici.
Périclès, c'est avant tout un autre nom pour appeler l'Athènes du 5eme siècle av JC; l'Athènes que l'on apprend à l'école, que l'on voit au cinéma, l'origine de la civilisation occidentale.
Vincent Azoulay exploite jusqu'au moindre atome chaque élément qui peut enrichir une biographie du célèbre stratège; mais les atomes sont peu nombreux, pas assez en tout cas pour remplir un livre. Alors il s'en sert comme fer de lance. A travers Périclès c'est Athènes que l'on connait.
Plutôt qu'une description chronologique, Vincent adopte un plan en forme de question-réponse. Il aborde le personnage en essayant à chaque chapitre de pénétrer un aspect de sa personnalité, de ses relations avec sa société, ses amis ou ennemis. Par le fait on apprend beaucoup sur Athènes; en tout cas j'ai appris beaucoup: le gout du pouvoir des candidats au titre de stratège balancé par l'instabilité du poste - on était déboulonné et exilé aussi vite que nommé - l'impérialisme athénien "la démocratique" envers les membres de la ligue de Délos. J'ai en fait compris que les athéniens n'ont pas toujours été les gentils héros dépeints dans les films hollywoodiens. Le noir derrière le blanc enfin dévoilé.
Mais on reste aussi dans le questionnement en ce qui concerne la force du pouvoir de Périclès: était-il à la limite du tyran ou au contraire un populiste qui suivait les courants de l'opinion publique? Vincent pose des arguments dans chaque plateau de la balance.
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À travers la biographie de Périclès, Vincent Azoulay nous dresse, en vérité, un portrait d'Athènes au Ve siècle.
La cité et son homme politique sont également mis en valeur. La première parce qu'elle ne laisse personne la diriger, le pouvoir est partagé, le peuple athénien décide pour lui-même, s'investit dans la vie politique et crée une une culture partagée très riche grâce, notamment, au théâtre.
Le second, Périclès, est reconnu pour son charisme politique qui lui a permis, non pas de diriger Athènes, mais de participer activement à sa vie politique. On découvre dans cet ouvrage les attaques qu'il a pu subir à cause de sa vie personnelle (on l'accuse de se laisser manipuler par une femme étrangère...) ou de ses propositions politiques (lors de la construction du Parthénon par exemple). On comprend alors comment il a pu, grâce à son esprit et son éloquence, faire entendre ses idées dans un lieu, l'Agora, où on était facilement chahuté voir invectivé.
Le portrait qui ressort duo Athènes/Périclès met en lumière l'impérialisme de la cité grecque : elle finance un programme économique ambitieux pour ses habitants, au détriment d'autres cités (alliées comme ennemies!). Ce tableau se termine en beauté, avec l'analyse de l'oubli puis de la redécouverte de Périclès. Entre la chute d'Athènes et le XIXe siècle, on n'écrit presque plus sur lui, ce qui peut nous sembler étonnant vu la place qu'il occupe dans nos programmes d'histoire. Et pour cause, défendre Périclès, c'est défendre la démocratie, un mot qui a longtemps fait peur, comme un synonyme de populisme.
Périclès est bien écrit, facile à lire, ce qui est rare pour un travail d'universitaire français. Je recommande donc vivement cet ouvrage trop méconnu.
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Vincent Azoulay est un vrai maître dans l'art de raconter l'histoire de Périclès.
Dans cet ouvrage l'auteur est impartial, il raconte presque toute l'histoire de Périclès grâce à son travail d'investigation, il aimait plusieurs hypothèses, il explore de nombreuses pistes mais aussi il permet au lecteur de suivre l'époque de Périclès sous toutes ses coutures, ce qui permet au lecteur d'avoir une vision d'ensemble de cette période classique de la Grèce antique.
L'écriture est parfaite les termes sont clairs et simples et l'ouvrage en lui-même est très complet d'informations.
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