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Citation de dadotiste


[Comment se construisent les limites pour l'humain ? Ce que nous enseignent les mythes théogoniques des origines

Comment sortir de la confusion pour fabriquer des limites qui tiennent ? A cette question, les mythes théogoniques d'Hésiode nous aident à concevoir comment les formes vivantes pour survivre et se reproduire ont dû construire des limites pour sortir du chaos originel. Les mythes qui rendent compte de l'origine de l'univers évoquent tout d'abord "Chaos" - nom de genre neutre - béance, abîme, gouffre où rien ne tient, rien n'a de forme, où tout est englouti dans l'obscurité sans fond. Lorsque naît "Gaïa" - nom de genre féminin - la Terre, un contour ferme est posé sur ce gouffre aspirant : un sol sur lequel les hommes comme les bêtes peuvent marcher. Ce plancher présente des reliefs : montagnes qui s'élèvent vers le ciel ou souterrains qui s'enfoncent vers le bas pour retrouver l'abîme. Ainsi va la terre ! Engendrée par l'abîme, elle donne une assise tout en s'appuyant sur la béance, se rattachant par le bas aux obscures profondeurs. Apparaît "Eros", l'amour, force vive, pulsion érotique (impliquant la bisexualité et la dynamique du mouvement) qui permettra à "Gaïa" d'engendrer deux êtres, deux fils qui se complètent : "Ouranos", le grand ciel nocturne, sombre, étoilé - nom de genre masculin - et "Pontos", le flot marin - nom de genre masculin. Tandis que l'élément fluide va s'écouler dans les profondeurs, tel un immense brouillard obscur "Ouranos" va recouvrir sa mère entièrement. Vautré sur elle, il la couvre en permanence. Entre les deux, il n'y a pas d'espace, "Gaïa" n'a pas d'autres horizons qu' "Ouranos" qui lui fait subir une activité sexuelle ininterrompue. Les progénitures qua "Gaïa" porte en elle ne peuvent d'ailleurs pas sortir, car "Ouranos" bouche tout passage. C'est la nuit sombre qui recouvre "Gaïa" de plus en plus encombrée d'enfants qu'elle ne peut mettre au monde. Parmi ses enfants, de plus en plus nombreux et étouffant de ne pas pouvoir sortir de son giron, son dernier fils, "Cronos", complice de sa mère, décide à l'aide d'une serpe fabriquée par "Gaïa" de castrer "Ouranos" ; ce qui aura pour effet de séparer le ciel de la terre. "Ouranos", hurlant de douleur, s'en va vers les hauteurs du monde. Des gouttes de sang qui sont tombées de son sexe naissent, avec le temps, les "Erinyes", êtres, déesses infernales qui ont pour fonction de faire payer aux enfants ou aux parents les fautes commises contre le père ou aux consanguins ; elles sont la mémoire des fautes, elles ne pardonnent pas, et feront payer ceux qui ont porté atteinte à l'intégralité de la génération antérieure. Du sexe d' "Ouranos" tombé dans la mer naîtront des gouttes de sperme mélangées à l'écume "Aphrodite", créature merveilleuse, déesse de la beauté et de l'amour qui, portée par les vents, arrivera à Chypre. Grâce à l'action de "Cronos", la lumière naît, tout les enfants de "Gaïa" peuvent désormais sortir du giron maternel. Un espace s'est créé, un nouveau temps aussi, puisque désormais les générations successives peuvent se développer. "Cronos" écarte, permet le mouvement, la libération des enfants et des générations. Cette libération se combine avec un forfait. Lorsque "Chronos" sera lui-même père, il mangera ses enfants de peur que ces derniers lui fassent subir un sort comparable à celui qu'il fit connaître à son père "Ouranos". Seul le dernier de ses enfants, "Zeus", avec la complicité de sa mère, n'ira pas dans la panse de son père.
Ce récit des origines indique quelques pistes concernant notre réflexion sur les limites :

- une limite ne se crée pas sans effort ni douleur ;
- une limite sépare et contient ;
- une limite induit un écart, un intervalle ;
- une limite dans le temps induit une limite dans l'espace ;
- une limite crée du lien ;
- au plan psychologique, elle nécessite l'épreuve symbolique de la castration ;
- cette castration douloureuse permet l'amour, la beauté ;
- mais cette aspiration à l'amour sera perturbée par la violence, la vengeance, le souvenir des fautes commises.]

Cette citation ne reflète certes pas le livre mais, j'ai trouvé qu'elle expliquait très bien le concept des limites. De plus, se la mythologie permet une bonne compréhension, elle permet surtout un peu de légèreté dans une pathologie qui ne l'est pas (et encore moins à assimiler)
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