Une minute avant la fin, tout le monde commençait à se cogner. Sans gémir, sans parler, sans changer d’expression. Mollement, ils se défonçaient la tête, s’étranglaient, s’égorgeaient, et le dernier ou la dernière se fracassait le crâne contre le lavabo, quatre ou cinq coups, bruit des os qui s’explosent contre la faïence, et puis c’était fini. Ecran noir. Toujours pas de musique. Elle avait plusieurs fois cherché les références du film, mais elle ne les avait pas retrouvées. Tant pis. Elle aimait se repasser ces images dans sa tête. Revivre le choc. Ca avait déterminé quelque chose chez elle. Le goût de l’atrocité dans l’art. La jouissance du triste et de l’insoutenable – un plaisir qui ne s’expliquait pas, mystérieux, majestueux. C’était comme aller au fond de soi; accepter ses ombres, ses fantômes, ses mélancolies.