AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Presence


Je monte la garde. C’est dimanche après-midi. Une fin d’après-midi d’automne. Une sacoche récupérée sur le flanc, sur la tête une vieille casquette, et un vieux tube d’aspirateur en main : c’est mon équipement d’opérette, celui d’un spectacle ou je campe la sentinelle-polichinelle aux avant-postes de ma ligne de front imaginaire. Je regarde vers le bois de peupliers. Je surveille la crête et la rue de Nancy où habitent ma zia Cicilia et le zio Peppine. Des vergers et des cabanes de tôle, parmi des potagers livrés à l’inexorable morte-saison, se préparent à l’exil mélancolique. Tout est en train de pourrir dans les jardins en contrebas. C’est l’année qui s’approche de ‘hiver. Les feuilles tombées déjà, les voilà qui se muent en matière puante et grise. Tout est gris, brun et sale. Quelle désolation que celle exprimée par un champ de choux moribonds ! Tout renaîtra au printemps, mais c’est si long de l’attendre et, pour l’instant, le ciel, la terre pourrissent sans rémission. Le bois lui-même est un sale bois. Pas un beau bois de vieux arbres séculaires abritant un sous-bois de plantes accueillantes et odorantes, mais un sale bois de peupliers plantés là pour éponger des eaux marécageuses et des ruisseaux d’égouts, au milieu d’une jungle hostile d’orties qui se décomposent maladivement. Il y a aussi l’odeur de la rouille des carcasses usées déversées depuis la route, liée aux effluves intermittentes et métalliques provenant des usines un peu plus bas.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}