« Papa est parti », à la seconde où j’ai entendu cette phrase de la bouche de mon frère, la vie a basculé dans l’irréel, j’ai senti une masse invisible se détacher du creux de mon ventre et s’envoler, littéralement. Je me souviendrai toute ma vie de cette sensation, un morceau de moi est parti avec toi.
J’espère qu’il te tient chaud.
Je t’ai montré de la froideur, mais tu étais mon repère, jusqu’au bout. Tu étais ma colonne, le fond, l’idée, la substance. Le rire, nous avons beaucoup ri. Nous avons partagé des moments forts, avec tes fils. Instants immensément pudiques et infiniment tendres. Tu étais mon secret, mon autre, mon refuge, ma douleur.
Mon père. Merci d’avoir préféré la vie cette nuit de septembre 79. C’est une chance de t’avoir rencontré. Je m’en remets doucement.