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Citation de rkhettaoui


C’est compliqué comme question. Je sais pas. Comment ça, tu sais pas ? Je t’explique : quand t’as un orgasme, tu le sais, parce que tu le sens. Donc si tu sais pas c’est que t’en as pas. Je te dis pas ça pour te stresser, flippe pas, c’est pas grave ! C’est juste que c’est pas cool pour toi. Il faut que vous fassiez autre chose. Comment ça, autre chose ? Je sais pas ! Je suis pas dans ton corps. Mais c’est space que tu saches pas. Leur conversation s’arrête là. Violaine n’a pas la force d’en parler davantage. Iris la met mal à l’aise, ce qui n’arrive jamais ; elles se comprennent toujours à demi-mot, sans le moindre embarras. Elles croient chacune autant à l’irrévérence et au dévergondage. Théoriquement. Le sexe, un terrain glissant à la surface indicible. Les discours superficiels, la fanfaronnade, les recensements d’exploits concernent peu le féminin. Jacob lui dit qu’elle se dérobe, qu’elle essaie de s’échapper quand il s’approche d’elle, comme un chien qui s’est fait battre. Lui n’a pas très envie d’entendre ses histoires de famille. Il l’encourage à se tourner vers l’avenir, à ne pas s’embourber dans le passé. Le moment présent. La pleine conscience. Le concept de mindfulness , elle connaît ? Peut-être qu’elle devrait s’inscrire au yoga, faire de la méditation. Respecter son corps. Se faire confiance.   Elle le regarde derrière son piano depuis le bar de l’Algonquin ou du Carlyle où il joue le soir. Entre deux morceaux – du jazz, des mélodies de film, des improvisations rythmées – il passe lui caresser la hanche, lui faire un baiser dans le cou, pour dissuader les vieux libidineux, surtout. Parmi ses amis à lui, elle est gênée de sa jeunesse. Elle essaie de se donner un genre avec ses cigarettes fines, son style de Parisienne insolite ; ça l’aide à faire illusion pour entrer dans les bars. Elle a lu quelques livres, vu pas mal de classiques, elle est assez dégourdie, pour son âge. Cette phrase lui colle à la peau : for your age . Et : for a foreigner , pour une étrangère. Lui – grâce à son oreille musicale ? – s’est entièrement débarrassé de son accent. Il n’y a de so French qu’elle. Elle et ses vingt ans, qu’elle se traîne comme des casseroles. Elle se met aux fourneaux pour se donner une raison d’être, pour participer au foyer, parce que son père lui a toujours dit, lui qui n’a jamais mangé qu’au restaurant, c’est comme ça qu’on garde son mari. Elle apprend à cuisiner, fait les courses, l’encourage à inviter des amis à dîner. Ils passent les week-ends à recevoir, ou à sortir avec le garçon à qui elle a loué l’appartement – Tu avais raison, lui dit-elle à son retour, je n’ai pas eu envie de repartir ! –, un artiste entre la mode, la performance et le design. Elle se crée un univers, tisse des relations, s’invente des projets. La précarité de sa situation, le déséquilibre de leur relation, ne l’inquiète pas. Elle fait ce qu’elle peut ; ce n’est pas rien.   Ils évoquent Noël et les vacances d’été. De trimestre en semestre, il est clair qu’elle va rester une année de plus. Avec lui. Elle rentre en France passer les examens, s’inscrit en licence ; ça lui va assez, ce programme d’études indépendantes. À Paris, on lui demande ce que c’est que ce pays où on accule un président à l ’impeachment pour s’être fait tailler une pipe. Quel puritanisme aberrant ! Et cette Monica, quelle pute !
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