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Citation de Clairoche


Nous étions angoissés ; la guerre approchait. Mlle Nadia me lisait avec fièvre les sombres éditoriaux des journaux. Je n’osais pas lui dire : assez, puisque nous ne pourrons pas l’éviter. Je suis ainsi : un frisson dans les feuillages de banlieue, un lapin qui criait, qu’on assommait, un enfant qui recevait une gifle, un ballon de basket qui tombait dans le filet, la plainte d’une scie mécanique, un mulot écrasé sur une route, une cloche de couvent qui sonnait, puis se taisait, une anémone qui s’effeuillait, une jument qui galopait puis se couchait dans une prairie, un insecte qui se débattait pattes en l’air, un fil de ronce sectionné, deux cyclistes, deux copains en roue libre dans une descente, une goutte de rosée à 4 heures de l’après-midi, un corbeau qui sautillait sur un désordre de labour et de fumier, un crépuscule incendié, une chaumière qui se ranimait avec de la fumée, une odeur de goudron bouillant, tout cela prophétisait plus sûrement que les journaux. Un malheur planait. Je voulais me promener, je voulais cueillir et respirer. La guerre serait là, l’aurore ne changerait pas.
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