C’est peut-être vrai, c'est peut-être faux - qui peut le dire-mais ce qui est vrai là-dedans, du moins il me semble, en repensant à l'histoire de la sœur de Shakespeare telle que je l'ai inventée, c'est qu'une femme née avec un grand talent au XVIe siècle avait toutes les chances de devenir folle, de se tuer, ou de finir ses jours dans quelque cottage solitaire à l’extérieur du village, moitié sorcière moitié magicienne, crainte et moquée à la fois. Car nul besoin d’être grand psychologue pour savoir qu'une fille hautement douée qui se serait essayée à son talent poétique aurait été en butte à tant de harcèlement, aurait eu tant de bâtons dans les roues, et aurait été si torturée et mise en pièces par ses propres instincts contraires, qu'elle en aurait nécessairement perdu la santé et la raison.
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