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Critiques de Virginie Barré (1)
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Dites-le avec des femmes

Je dois dire que c'est le titre original de l'ouvrage "Dites-le avec des femmes" qui m'a incité à me procurer, lire et commenter ce petit livre de justes 140 pages. Le sous-titre "Le sexisme ordinaire dans les médias" m'a fait penser que peut-être il aurait mieux valu qu'une babélienne s'aventura à une chronique, car seul contre 4 femmes, spécialistes de surcroît, je ne fais évidemment pas le poids. Je suis sûrement mieux placé pour le dire avec des fleurs - si je peux me permettre ce jeu de mots facile -, mais comme je ne me sens pas sexiste - du moins je le crois et je l'espère - je m'engage sur ce terrain probablement miné pour les hommes.

Ce n'est pas une preuve, bien sûr, mais je me félicite par exemple du fait, que ce mois-ci, une femme - Sophie Dutordoir, docteure en langues romanes - ait été nommée à la tête de la compagnie nationale des chemins de fer belge, un bastion d'hommes depuis que mon pays existe.



Car effectivement les 4 auteures ont beaucoup de mérites pour leurs efforts dans le combat visant à obtenir un statut pour la femme absolument égale à celui de l'homme. Cet ouvrage est axé sur les inégalités encore importantes dans les médias. Dans un avant-propos, Monique Perrot-Lanaud, ancienne présidente de l'Association des Femmes Journalistes, AFJ, explique clairement que cette Association a été fondée, en 1981, justement pour "favoriser le rééquilibrage de la présence et de la présentation des femmes dans les médias". Elle mentionne les résultats d'une étude sur la place des femmes dans l'information en France, pour nous livrer une statistique ahurissante : sur 100 personnes citées dans l'information, seulement 17 sont des femmes ! Et de ces 17%, il y a celles qui nous sont "présentées comme victimes, anonymes et sans profession". Ou comme Natacha Henry le précise : "le rôle obscurantiste du langage quand il escamote les femmes, de façon explicite ou sournoise". Virginie Barré s'est penchée sur les inégalités "qui pénalisent les femmes journalistes (moins payées, plus précaires) dans les rédactions."



Outre les contributions de ces 2 dernières, il y a un chapitre présenté par Sylvie Debras, auteure de "Lectrice au quotidien : Femmes et presse quotidienne : la dissension", paru en 2003, et directrice de la publication "En vadrouille", ici elle analyse pourquoi les femmes sont de modestes consommatrices de la presse quotidienne. Monique Trancart consacre un chapitre, sous le titre éloquent de "Médias d'information générale : le leurre féminin", à la place et l'image des femmes dans les quotidiens, à la radio et à la télévision.



J'ai commencé par lire la contribution de Natacha Henry, parce qu'elle est l'actuelle présidente de l'AFJ et parce que j'avais bien aimé sa biographie de Marthe Richard (voir ma chronique du 21 décembre dernier). Dans son chapitre "Masculin universel, paternalisme lubrique : langage et sexisme ordinaire", il est question entre autres des noms pour certaines professions et titres : madame le ou la ministre, le ou la juge, directeure ou directrice (directrice d'école, mais directeur de banque ?), auteure ou autrice, docteure ou doctoresse, droits de l'homme ou droits humains ? On pourrait multiplier les exemples de particularités bizarres pour quelqu'un dont le Français n'est pas la langue maternelle. Comment qualifier la phrase du membre de l'Académie française, Marc Fumaroli, qui complimente l'ambassadrice américaine en France par "Un homme d'État caché sous la femme du monde" (page 47) , autrement que d'absurde ? Il est vrai que ces Académiciens ou "Immortels" refusent de participer aux travaux de la Commission de Terminologie, créée en 1984, pour étudier la féminisation de certains noms et titres. Ils étaient assurément trop occupés à inventer le merveilleux mot de "maïeuticien" (après maintes réunions savantes) comme masculin de sage-femme !



C'est en 1647, que le grammairien Vaugelas fixe les règles de l'accord établissant que "la forme masculine a prépondérance sur le féminin, parce que plus noble". Et Natacha Henry d'ajouter : "Tout est là. Les proportions importent peu, les adjectifs s'accordent au masculin" et de donner comme exemple : les 10 femmes et les 2 hommes sont contents. Et on continue à enseigner cela à l'école primaire.



Virginie Barré nous apprend qu'en 1995, il n'y avait que 22 % de femmes parmi les journalistes de radio et de télévision, mais que"l'effet de loupe Cotta-Ockrent-Sinclair... déforme la perception de la situation réelle..." À part être sous-représentées dans le journalisme, les femmes y sont moins promues, moins payées et plus précaires. Il y a hélas une longue histoire d'habitudes misogynes : jusqu'aux années 1930, les hommes dominaient avec 98% et ce n'est qu'après mai 68 que la presse écrite s'ouvre un peu aux femmes et pour la télévision il faudra attendre le début des années 1980. Ce sont pourtant des femmes qui ont réussi à sortir des sujets tabous, comme l'excision, les femmes battues et les viols de guerre en ex-yougoslavie de l'ombre pour les mettre sur la place publique.



Sylvie Debras souligne qu'en France la lecture est une histoire de femmes et avance quelques chiffres à l'appui : les femmes lisent en moyenne 22 livres par an, les hommes 19 ; elles fréquentent plus les bibliothèques, 21% contre 14% ; achètent plus de livres, 20% contre 12% ; sont plus abonnées à des clubs de lecture, 17% contre 7%. En revanche elles lisent moins de journaux, exception faite pour la presse féminine. Il serait peut-être grands temps pour les journaux de considérer les lectrices "autrement que comme des ménagères qui font du lèche-vitrines.



Un lecteur d'un grand quotidien français a fait remarquer, à juste titre, que "La parité homme-femme n'est pas affaire de loi mais d'état d'esprit."

Ce quotidien venait d'organiser un "grand débat sur l'ecole", 8 participants, dont 0 femme, pour un sujet sur lequel les femmes en savent évidemment beaucoup plus long que les hommes.
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