Viveca Sten

La saison hivernale vient tout juste de commencer dans la station d’Are. […] Sebbe ouvre le local technique. […] Il presse le bouton rouge pour démarrer la machinerie. Un signal strident déchire le silence, puis le télésiège se met en branle. […] Tout à coup, Sebbe lâche son portable des yeux. Une ombre a attiré son attention, une forme étrangère sur une des banquettes. Quelqu’un est-il descendu depuis le sommet? Il essaye d’y voir plus clair, mais il fait encore nuit noire. Le siège approche de la plateforme d’embarquement. On dirait en effet qu’une personne est à demi couchée au coin de la banquette, mais sa posture est bizarre, de guingois, affaissée sur elle-même. La silhouette sombre reste immobile alors qu’elle est presque arrivée. Sebbe agit d’instinct. Il presse le bouton d’arrêt d’urgence et se précipite dehors. Le siège reste suspendu quelques mètres plus haut. La secousse a fait glisser la personne un peu plus bas. Sebbe s’immobilise pendant que son cerveau assimile ce qu’il voit. On dirait un mannequin. Sauf que non. Les traits humains sont là, mais tout signe de vie a disparu. […] Le siège se balance, ce qui suffit à faire glisser le corps dans la neige, aux pieds de Sebbe. Il fixe bouche bée le cadavre gelé. « Putain, murmure-t-il. Pas toi. »