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2.69/5 (sur 8 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Moscou , le 7 avril 1952
Mort(e) à : Moscou , le 17 août 2018
Biographie :

Vladimir Charov est né en 1952. Après des études d’histoire à l’université de Voronej, il devient professeur d’histoire à l’université. Parallèlement, il se met à écrire suivant ainsi la lignée familiale, son père étant lui-même auteur de contes pour enfants.
Toutefois, afin d’éviter les tracasseries avec le pouvoir auxquelles son père était confronté, Charov, dont le modeste train de vie était assuré par son métier de professeur, se contenta longtemps d’écrire pour lui-même sans chercher à faire publier ses romans dont on ne prit connaissance qu’après 1991. Son activité secrète fut cependant découverte par le régime et Charov se vit même « interdit de travail ».

Dans chacun de ses ouvrages, Charov joue à réinterpréter l’Histoire à la lumière de croyances transformées en faits.

Il a écrit : Avant et pendant
Est-ce à moi de ne pas regretter ?
La Vieille Petite Fille
La Résurrection de Lazare
Pas à pas
Les Répétitions
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Source : http://www.litteraturerusse.net
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Bibliographie de Vladimir Charov   (4)Voir plus

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Au cours de la première moitié du XIXe siècle, plusieurs missionnaires passèrent par ces lieux (le Grand Nord). En outre, près de deux mille samoyèdes furent enlevés par les cosaques et autres étrangers. Persuadés que pareil procédé était agréable au Seigneur, ils les revendaient aux monastères, et ces derniers, après les avoir baptisés, asservissaient les nouveaux convertis et les forçaient à travailler pour eux. Là encore, dans les monastères, on apprit aux Enets que la grand-mère du tsar actuel, Catherine II, leur avait accordé acte de propriété pour les terres sur lesquelles ils menaient leurs rennes depuis la nuit des temps, pour leurs pêches et leurs chasses, et que ce n'était pas leur bravoure, mais seulement la bonté de leurs Majestés les petits enfants de la bonne tsarine qui servait de protection à leur pauvre peuple. Pris en étau entre violence et bienveillance, ils se trouvèrent totalement perdus. p 114
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Les Nouvelles de Kertch notaient que les communards étaient persuadés que les balles et les obus fabriqués avec le métal des cloches conservaient le caractère saint de celles-ci. Il n'était même pas utile de viser, elles atteignaient toujours le pécheur. Les membres d'une autre brigade d'enfants expliquaient au correspondant qu'il convenait de graver sur les balles des paroles d'amour et de miséricorde, et pas seulement parce qu'il est bon de pardonner. Simplement, le pêcheur, quand il accueillerait en lui le morceau de métal ainsi consacré, à l'instant même où le projectile pénétrerait dans son corps, se verrait illuminé par la foi et se repentirait. Il recevrait la mort, aussi pur et innocent qu'un nourrisson, et serait sauvé. p 254
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Ayant souffert du typhus pendant l'automne, la princesse Igreneva n'avait presque plus de force dans les jambes et peinait à se lever. (...) étendue dans l'alcôve près du poêle, elle surveillait avec des jumelles de théâtre le pot de kacha qui refusait de gonfler. Le poêle était défectueux, il brûlait en pure perte des montagnes de bois et le millet mettait deux bonnes heures à y cuire.
(...) La kacha vivait sa vie , comme un être humain : tantôt elle poussait un profond soupir, tantôt quelque chose en elle émettait un long bruit caverneux, et les vapeurs, à mesure que la cuisson avançait, s'élevant en nuages de plus en plus denses, les vapeurs, éclairées au dessous par la combustion douce et feutrée des braises, étaient aussi féeriques et mystérieuses que celles que produisait autrefois à Pskov le pharmacien local et chimiste amateur, Ivanov.
(...) La kacha grognait, gargouillait, d'une voix sourde, satisfaite, comme si elle se mangeait elle-même, jusqu'à s'en rassasier.
(...) Parfois un voyageur, de ceux qui cherchait à fuir le pays, frappait à leur porte. Beaucoup découvraient ce tableau : la princesse observant dans ses jumelles de théâtre la kacha en train de cuire, et qui, pour ne pas passer pour folle, expliquait à chacun que sa nourrice, tsigane par sa mère, lui avait appris à lire l'avenir dans les braises et dans les vapeurs s'élevant au-dessus du pot.
p 265-267
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Bien sûr, il était clair pour moi, depuis longtemps que lorsqu'elle appelait "Doussia", ma marraine ne se cherchait pas vraiment elle-même, ne cherchait pas cette personne, faite de chair et d'os, que chacun de nous connaissait, mais son âme. Elle l'exhortait d'une voix caressante, la même dont elle usait avec nous, les petits, quand nous étions malades : "Viens, viens ici, ma jolie. Viens, ne fais pas de la peine à Doussia, ne lui donne pas du tracas, elle a déjà assez piétiné comme ça."
Puis de nouveau : "Où t'es-tu donc envolée, ma mignonne, pourquoi es-tu partie, pourquoi m'as-tu abandonnée ?" Elle demandait : "En quoi t'ai-je offensée, en quoi suis-je coupable envers toi ?" Elle lui disait : "Qui donc peut vivre sans âme ? Sans elle, vois-tu, ça n'est pas même possible de prier. Sans âme, Dieu ne t'écoutera jamais, il dira : "Doussienka, ma fille, j'ai pourtant bien donné une âme à chacun, je n'ai oublié personne. Peut-être n'es-tu pas un être humain finalement, mais de la cendre, de la poussière terrestre. Regarde comme tu es vive : sans âme, le moindre souffle t'emporte ici et là. "Que Lui répondrai-je ?" Et de nouveau : "Viens, viens ma mignonne, viens, ma jolie, je ne peux pas vivre sans toi."
Tout en cherchant son âme, ma marraine sanglotait, reniflait, comme une femme de la campagne, exactement comme notre nounou, mais jamais elle ne pleurait vraiment.
p 66-67
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Le mot, pensait Lénine, est né du désir de transmettre à l'autre ce qu'il n'a pas vu de ses yeux, n'a pas touché de sa main, n'a pas senti de ses narines. Comme avec le socialisme, de rendre le monde égal pour tout un chacun. Mais était-ce bien nécessaire ? Il en allait de même avec les idées. Mais quand un homme en comprenait-il un autre ? Bien sûr, songeait-t-il, les mots ne manquent pas de mérite et nous avions l'impression qu'ils l'emportaient. On pouvait grâce à eux conserver peu ou prou ce que nous avions une peur panique d'oublier. Nos craintes n'étaient pas vaines. Le malheur n'était pas là : les mots s'étaient révélés un piètre outil. Rudimentaire et malcommode. Alors, un beau jour, désespérant de pouvoir jamais adapter les mots au monde, nous avions entrepris activement, et même avec enthousiasme, de simplifier le monde pour le faire entrer dans les mots.
Lénine avait été un des leaders de ce travail d'ajustage, mais il savait que sa maladie n'était pas un châtiment, au contraire, elle était le signe d'une prochaine libération. Un an s'écoulerait, ou deux, et le monde serait débarrassé des mots, redeviendrait tel qu'il était au moment de la création. À présent il le voyait souvent : immense, lumineux, comme une prairie inondée sous le soleil de midi. Et en ce monde, des gens radieux, innocents balbutiants, comme des enfants nés la veille.
p 168
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Elle explique qu’elle ne veut pas que nous souffrions : tant que nous sommes des enfants, nous sommes saints et purs, et tels nous devons rester. Ainsi qu’une gouvernante sévère, elle veille à ce que nos âmes restent vierges de la moindre tache et ne se lasse pas de répéter qu’il est plus facile de préserver sa pureté que de se débarrasser de la souillure, une fois qu’on est sali.
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Aujourd’hui, alors que je rédige ces notes, il m’apparaît comme évident que nous ne pouvions le retrouver vivant, mais pour passer de la veste de carnaval au fait que Serioja n’était plus de ce monde, il fallait que s’écoule du temps. Ainsi, pendant quarante-huit heures, nous n’avons fait que parcourir l’île en tous sens.
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J’avoue que le récit qui va suivre contient beaucoup trop de lignes narratrices. Emmêlées, parcellaires, elles formaient un tel écheveau que j’ai mis bien longtemps à trouver le fil qu’il convenait de tirer.(…) Je n’étais pas moins désarçonné par le déroulement chaotique de l’histoire.
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