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Citation de Charybde2


De retour à la maison, je mangeais le maigre repas que m’avait laissé ma tante et je me plongeais dans la lecture des livres que j’avais empruntés à la bibliothèque universitaire. Il s’agissait principalement de livres d’astronomie et sur l’histoire de l’Univers. Les planètes et le caractère infini du monde des étoiles qui entourait la Terre me troublaient. Je prenais parfois des livres de minéralogie, mais je ne les lisais pas, me contentant d’examiner à loisir les illustrations en couleurs. Je restais fasciné des heures durant, étendu sur mon tapis. D’une manière générale, je n’utilisais aucun manuel de mathématiques et de physique, me contentant des cours. La littérature ne m’attirait pas non plus : le monde des hommes, leurs passions et leurs aspirations, tout cela me semblait dérisoire, vain et éphémère. On ne pouvait s’appuyer là-dessus comme sur une pierre. Le monde de Natacha Rostov et d’Andreï Bolkonski ne se distinguait aucunement, en réalité, du monde de mes voisins qui se disputaient tous les soirs à la cuisine à cause des réchauds à pétrole ou du seau à ordures. Le monde des planètes et des pierres était plus riche et plus intéressant. Il était éternel. Un jour, j’arrachai d’un atlas astronomique une page où était imprimée une représentation de Saturne que j’agrafai au mur. Quand ma tante s’installait pour coudre, Saturne se trouvait au niveau de sa tête. Mais pouvait-on comparer Saturne avec la tête de tante Flora qui marmonnait au sujet des bolcheviques, du mouvement des réformateurs de l’Église, du prix du drap et du crêpe de Chine ?
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