Pour fêter les cinquante ans de Daredevil, nous avons enfin le droit de découvrir ses premières aventures, datant tout de même de 1964. Plusieurs petites histoires, assez sympathiques et forcément old-school qui nous présentent le personnage dans diverses situations.
Personnellement cela ne m’a pas plus emballé que ça. Les dessins sont corrects mais trop d’artistes se succèdent et cela donne un méli-mélo graphique pas vraiment génial. De plus je trouve le pouvoir de Daredevil pas assez développé, cela manque d’explications quant à son fonctionnement. De plus sa canne, contient trop de choses pour que cela soit crédible.
Le gros point faible et qui casse la lecture c’est la narration. Chaque fois que Daredevil fait un pas, un geste, une action, il est obligé de nous détailler comment il perçoit tout ça, grâce a quel élément il discerne les ennemis lors qu’il est aveugle. Dans l’idée c’est bien, mais j’aurais préféré que l’on sache d’entrée ses possibilités et qu’on y revienne plus, plutôt que de raconter dans chaque bulle, ce que l’on voit dans chaque case. Là, j’ai l’impression d’être pris pour un idiot, auquel Daredevil s’adresse pour expliquer ses faits et gestes.
Ca reste quand même un bon livre, mais je préfère mille fois les X-men ou Spiderman (en intégrale de la même époque). Là ça manque cruellement d’idées. Au moins j’ai lu les origines de Daredevil. La prochaine fois je tenterais peut-être des aventures de ce héros, mais plus récentes.
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Cette curiosité que j'exhume de mes archives, consiste en un mini album de 100 pages, format poche.
Il s'agit d'une compilation de comics parus initialement dans le magazine PLOP ! publié entre 1973 et 1976.
PLOP ! "the magazine of weird humor!", reprenait en partie les recettes des comics horrifiques de EC, style "Tales from the crypt" ou Warren comme "Creepy" en y ajoutant un humour décalé à la Mad magazine (d'ailleurs, certains artistes comme Wood ou Aragonès, etc... avaient travaillé pour ces différentes publications.)
Dans le présent album, on retrouve une sélection de travaux d'auteurs de grand talent, Wrightson, Wolverton, Alcala, des noms bien connus des amateurs de comics des années, 70/80...
Le format poche et la qualité moyenne d'impression ne rendent pas complétement justice aux planches choisies par l'éditeur pour ce "best of", mais je le considère comme un document intéressant.
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En 2012, Fantagraphics commence à rééditer des histories publiées par EC Comics, en les organisant par dessinateur. Le premier tome est consacré à Harvey Kurtzman (Corpse on the Imjin and other stories), le second à Wallace Wood, le troisième à Al Williamson (50 Girls 50 and other stories), le quatrième à Jack Davis (Taint the meat...it's the humanity! and other stories). Ce tome comprend 26 histoires (de 7 pages) dessinées par Wallace Wood (17 juin 1927 - 02 novembre 1981), dans les genres "horreur" et "crime". Les histoires de science-fiction dessinées par Wood pour EC ne sont pas dans ce tome.
Le tome commence par une introduction de 7 pages, rédigée par Bill Mason (un universitaire avec une solide connaissance des comics) qui contextualise chacune des histoires en 3 phrases. Chacune des histoires est bâtie sur le principe d'une situation conflictuelle, avec une chute ironique ou horrifique, relevant d'une forme de justice poétique. Les premières histoires appartiennent au registre de l'horreur avec un loup garou, un magicien qui découpe vraiment son assistante, un cadavre qui refuse de rester allongé dans une morgue, un collectionneur de têtes réduites, des monstres de foire dans un cirque, un artiste travaillant la chair humaine, un vampire, une vieille sorcière ayant changé de corps avec une jeune femme, etc.
À peu près à la moitié du volume, les histoires changent de registre pour mettre en scène le racisme contre les noirs, les condamnations sommaires sur la base de la suspicion (sans preuve), l'antisémitisme, la corruption passive, l'éducation conservatrice de parents bornés, les dérives des milices civiles, et l'incitation à la haine raciale.
Sur ces 26 histoires courtes, 20 ont été écrites par Al Feldstein, 4 par Gardner Fox, et 2 par des scénaristes non identifiés. Le tome se termine avec 3 pages retraçant la carrière de Wallace Wood, 2 évoquant rapidement les scénaristes et éditeurs d'EC Comics, et enfin 3 pages consacrées aux EC Comics.
EC Comics est le nom d'un éditeur mythique de comics américain. Il est mythique parce qu'il a opéré pendant les années 1950 (soit une époque très reculée en termes de comics) et parce qu'il publiait des histoires d'horreur (en particulier dans 3 anthologies "Tales from the crypt", "The vault of horror" et "The haunt of fear"), mais aussi parce que ces histoires s'adressaient à des adolescents plus qu'à des enfants. Le niveau d'horreur graphique (très relatif pour un lecteur d'aujourd'hui) et quelques sujets délicats (le racisme ordinaire) ont valu à ces comics d'être pointés du doigt par le docteur Fredric Wertham, comme l'une des sources de la délinquance aux États-Unis du fait de leur impact sur l'esprit sensible des jeunes lecteurs.
Les premières histoires ressemblent à ce à quoi on peut s'attendre : des images manquant un peu de sophistication, des bulles de pensée explicative, un texte trop écrit, et des chutes que l'on peut sentir venir. Il reste quand même possible de détecter de ci, et là, une case dont la profondeur de champ ou les détails impressionnent. Dans la première histoire, page 6, la case en base à gauche montre 2 personnages marchant dans une rue, vus en plongée, et les dessins des maisons prouvent que Wallace Wood possède une bonne connaissance de ce qu'il dessine. Page 13, la case en bas à droite montre une jeune femme marchant sous la pluie, sur une route de campagne. Wood a pris du temps pour figurer le revêtement sous la pluie, pour montrer la jupe flottant au vent, l'éclair, la palissade longeant la route, l'alignement des arbres ; il y a une quantité de travail impressionnante en 1 seule case. Passé le premier tiers de l'ouvrage, chaque dessin devient un petit plaisir pour lui-même, que ce soit les têtes des personnages, les vêtements, les décors, les bâtiments, etc. Malgré la taille relativement réduite des cases (de 7 à 9 cases par page, dans un format légèrement plus petit que celui d'un comics traditionnel), Wood crée à chaque fois un dessin dense en informations visuelles.
Passé les histoires de Gardner Fox, le lecteur découvre celles d'Al Feldstein qui mettent en scène des sentiments réalistes pour des drames humains plausibles (même si la construction avec une chute conduit à un dénouement prévisible), et plus adultes dans leur propos. La narration proprement dite reste assez pesante avec des bulles de pensées et des textes copieux au dessus de chaque case. Mais une fois passées les histoires horrifiques, les dialogues deviennent plus vivants et sonnent juste pour exprimer le racisme ordinaire, la suspicion, la mesquinerie, la peur de l'autre. Les bulles de pensée se transforment petit à petit en une narration intérieure du personnage principale, toujours un peu empruntée, mais moins artificielle. La deuxième moitié se lit avec plaisir, sans que les histoires ne paraissent leur âge. Le texte introductif permet de comprendre que pour l'époque ces histoires à caractère social avaient un impact très fort, car elles mettaient en scène des problématiques peu médiatisées (les actions de Martin Luther King prennent de l'ampleur à partir du milieu des années 1950).
Parallèlement, le lecteur peut voir les dessins de Wallace Wood se bonifier d'épisode en épisode, pour atteindre une puissance d'évocation et d'immersion peu commune à partir de la moitié du tome. Petit à petit, il est possible de voir l'influence de Will Eisner s'estomper pour laisser la place à un style plus personnel. À partir de "The guilty" (la quatorzième histoire du recueil), le lecteur a l'impression de côtoyer chacun des personnages, de se trouver dans leur salon, d'arpenter les rues de leur ville. Il est possible de regarder chaque page et de s'abîmer dans la contemplation de chaque case pour le plaisir esthétique qui s'en dégage. Page 91, une foule conduit un noir menottes au poing, chaque visage est différent et exhale un sentiment de violence haineuse. Page d'après, le prisonnier monte les marches menant au poste de police, et une trentaine d'individus le prennent à partie. Le lecteur peut voir la tension qui émane de la scène.
Page 100, un homme en costume est assis dans son fauteuil en train de téléphoner dans son salon. Le lecteur n'a pas de doute sur la réalité de la situation, sur la véracité de sa tenue vestimentaire, sur l'expression un peu ennuyée de son visage. Page 119, le lecteur voit l'inspecteur de sécurité incendie pénétrer dans une salle de boîte de nuit en sous-sol. En 1 case, Wood dépeint les danseurs, l'atmosphère enfumée, les gens attablés, un serveur se frayant un passage ; en 1 case le lecteur est là, présent dans cette salle, à cette époque. Page 135, un chasseur accueille une belle pépée blonde dans sa cabane au fond des bois. Cette femme est magnifique de sensualité et de candeur, d'ingénuité et de manipulation. Dans chaque histoire, Wallace Wood fait des merveilles pour dépeindre les scènes de foule, reproduire l'apparence ordinaire des individus de tous les jours, recréer des environnements qui ont l'apparence de la réalité de l'époque, et dessiner de magnifiques jeunes femmes.
Ce tome constitue une entrée idéale pour découvrir les histoires réputées d'EC Comics dans la veine sociale, ainsi qu'un dessinateur capable de dépeindre une Amérique réaliste, dramatique, et très crédible. Il est à réserver aux lecteurs curieux de découvrir des comics des années 1950, sans superhéros, et Wallace Wood dans ses oeuvres plus réalistes.
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Ce tome est le deuxième que l'éditeur Fantagraphics consacre aux histoires dessinées par Wallace Wood, et éditées par EC Comics. Le premier tome se concentrait sur les récits de type surnaturel : Came the dawn, and other stories. Le présent tome regroupe les histoires s'inscrivant dans le genre de la science-fiction, toujours publiées par EC Comics.
Ce tome comprend 30 histoires en noir & blanc, dont 22 écrites par William M. Gaines et Al Feldstein. Wallace Wood a écrit 4 histoires. Les 4 autres histoires sont écrites par Harry Harrison. Wood a dessiné et encré 25 de ces récits. 4 sont mis en images par une collaboration entre Wood et Harry Harrison. Ce dernier dessine et encre le récit restant.
À l'origine, ces récits sont principalement parus dans les magazines "Weird science", "Weird fantasy" et "Shock SupspenStories", entre 1950 et 1952. Ce recueil comprend également une introduction (8 pages) de Bill Mason sur les points saillants des récits, une postface de 4 pages de RC Riggenberg sur la vie de Wallace Wood, 1 page laconique sur les différents auteurs, et 3 pages pour un bref historique contextuel des EC Comics.
Chacune des histoires est construite suivant le même principe : à partir d'une situation dangereuse s'inscrivant dans le genre de la science-fiction (de type technologie futuriste et impossible, ou mission d'exploration spatiale), le récit s'achemine vers une chute à base de justice poétique. Les histoires comportent 6, 7 ou 8 pages. D'une histoire à l'autre, les intrigues proposent des explorations spatiales, des paradoxes temporels, des premiers contacts avec une vie intelligence extraterrestre, des planètes inhospitalières cachant bien leur jeu, un ou deux robots, et bien sûr une apocalypse nucléaire.
Avec ce recueil, le lecteur peut apprécier toute la pertinence de l'éditeur Fantagrahics d'avoir constitué des anthologies autour d'un dessinateur. Le brassage de récits provenant de sources différentes assure une diversité qui empêche la redite. Comme les autres tomes de la collection, le lecteur reste abasourdi devant l'imagination sans cesse renouvelée de William M. Gaines & Al Feldstein. Certes il retrouve plusieurs fois les mêmes prémices, mais il n'éprouve jamais la sensation de lire 2 fois la même histoire. Même lorsqu'il s'agit pour une peuplade survivante ayant tout oublié d'explorer les ruines de la civilisation humaine ravagée par la guerre, la chute est de nature sensiblement différente d'une histoire à l'autre. Par rapport à d'autres recueils, il y a quand même 2 ou 3 histoires plus faibles (celles qu'ils n'ont pas écrites).
Au fil de ces récits, les scénaristes abordent des thèmes aussi divers que les dangers de la science, le caractère destructeur de l'arrogance, la peur de l'étranger et de la différence, le sens de l'intérêt général primant sur l'intérêt particulier, les apparences trompeuses. Au-delà de la forme un peu surannée avec chute poétique, le lecteur peut donc apprécier l'affichage et la mise en scène de valeurs morales bien éprouvées.
Certes ce recueil présente une valeur pour l'importance des EC Comics dans l'histoire de ce médium, mais ce qui attire le lecteur c'est la perspective de découvrir des récits devenus mythiques du fait de l'artiste. Wallace (surnommé Wally) Wood a laissé une marque durable dans le monde des comics, pour plusieurs de ses histoires, et en particulier ses récits de science-fiction. Le lecteur ouvre donc ce recueil avec la promesse de découvrir un des summums visuels de dessins de vaisseaux spatiaux, et de cosmonautes.
Les 5 premières histoires déconcertent un peu. Certes Wallace Wood réalise des images à la hauteur des standards des EC Comics, mais il est encore loin de son niveau dans "Came the dawn, and others stories".
Arrivé à la page 33, le lecteur se frotte les yeux et regarde chaque case avec attention. Dans une case de la hauteur de la page, il y a une fusée oblongue, assez classique, avec des astronautes foulant le sol, leur casque encore sur la tête. C'est à la fois une représentation archétypale, et des dessins détaillés, montrant une technologie d'anticipation crédible, des individus tous différenciés, des vêtements plausibles, avec des plis normaux, des postures ordinaires, etc.
Quelques histoires plus loin, l'image principale page 69 est encore plus immersive. Le costume d'astronaute est réel, la configuration de la cabine de pilotage est logique, avec peu d'espace dans ce genre de vaisseau. Les coupes de cheveux correspondent à la formation militaire. Le panneau de contrôle est raccord avec une technologie d'anticipation.
La densité d'information visuelle permet à Wally Wood de reprendre le dessus sur les phylactères pourtant très copieux, et faire porter la narration aux dessins (un exploit par rapport aux textes de Gaines et Feldstein). À partir de là et jusqu'aux épisodes coréalisés avec Harry Harrison (page 177), le lecteur voit par lui-même Wallace Wood poser les bases d'un nouveau niveau d'exigence en termes de narration visuelle.
Avec ces épisodes, le lecteur observe Wallace Wood définir les archétypes visuels du genre science-fiction de l'époque (années 1950). Il voit la forme des fusées oblongues prendre la forme qui deviendra générique par la suite. Il voit les uniformes des astronautes converger vers la forme qui deviendra canonique par la suite, sauf que les représentations de Wood sont d'une qualité supérieure à ses imitateurs à venir. Wood représente des personnages plein de vie, à l'allure adulte, à la virilité réelle, sans être exagérée. Il fait exister ces environnements imaginaires, en leur conférant une substance et une cohérence remarquables.
Même pour un lecteur assidu des rééditions des EC Comics par Fantagraphics, ce recueil réserve aussi des surprises narratives. Contre toute attente, une ou deux histoires laissent le premier rôle à une femme (en particulier la scientifique de "Spawn of Mars"). Tout aussi étonnant, Gaines et Fledstein s'autorisent une chute à base d'humour absurde dans "The die is cast").
Même pour un lecteur assidu des rééditions des EC Comics par Fantagraphics, ce recueil tient ses promesses de pages historiques, et de dessins d'exception. Arès ces histoires, les 5 dessinées en collaboration avec Harry Harrison apparaissent assez fades. Les 4 pages de biographie consacrée à Wallace Wood viennent compléter la curiosité du lecteur sur la personnalité et la carrière de ce dessinateur hors pair, qui créera des années plus tard le costume rouge de Daredevil. Vivement les rééditions des comics plus coquins de Wallace Wood !
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Les 11 premiers numéros de daredevil publiés en 1964 et 1965 enfin édité dans la collection intégrale de Panini. C'est dans ces épisodes que sont posé les bases du heros urbain de marvel bien des années plus tard franc Miller rajoutera plusieurs couches mais le socle est bien la.
Ces épisodes se lisent avec plaisir , la qualité graphique est exceptionnelle malgré les nombreux artistes qui se succèdent.
Les histoires bien construites sont plaisante a lire pour qui aime le charme de la narration des années 60.
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