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Critiques de Wang Meng (5)
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Des yeux gris clair

Un autre court roman pour débuter 2019. un roman surprenant.

Tout d'abord par le parcours de l'auteur. Wang Meng, né en 34, a très tôt été attiré par l'écriture et le parti communiste. A 19 ans , il publie un roman qui va lui mettre les autorités à dos. Il décide de s'exiler (en tous les cas devance la sanction et vivra au Xinjiang de 63 à 79.

De retour à Pekin , il sera ministre de la culture de 86 à 89 et est considéré comme l'un des artisans du renouveau culturel chinois.

Voilà, le décor est planté . Ce roman raconte des scènes de vie de l'auteur dans le Xinjiang : Le choc des cultures (il y a plus de 50 ethnies dans cette province chinoise), la difficulté à faire appliquer les concepts maoïstes à une population majoritairement musulmane.

Le héros de ce roman est un citoyen du monde : Mère russe, père non déterminé , menuisier, citant Mao à tout bout de champ, converti à la culture Ouïghour sans l'être vraiment.

A travers son histoire, l'auteur va dépeindre la vie des Ouïghours sous Mao, mais aussi donner une belle leçon de vie.

Autre particularité de ce livre , l'écriture ne fait du tout asiatique.

Bref, une belle surprise. On rencontre beaucoup de roman chinois dépeignant cette fameuse révolution culturelle , mais peu se sont exportés dans cette province chinoise.

Belle découverte.
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Les Sourires du sage

Les Sourires du sage est un recueil illustré d'anecdotes et de réflexions sur la vie quotidienne chinoise. Il date de 2003. Les anecdotes sont contées sur un mode humoristique qui parodie souvent la forme des contes zen avec parfois des aphorismes absurdes. le sage est un certain Lao Wang , un petit binoclard à grosse tête qui n'est pas sans défauts. Il ressemble à l'auteur qui voudrait qu'on le prenne pour Monsieur Tout le Monde mais il faut savoir que Wang Meng a été tout de même Ministre de la Culture avant de se faire virer en 1989 et assigner à résidence. Wang Meng se moque du pouvoir, de la parole officielle, de la corruption, de la flagornerie de ses concitoyens et donc aussi de lui-même mais il parle également des affres de la vieillesse ou de la modernité. Le ton est ironique sans être méchant.

J'ai apprécié sans plus car je n'ai malheureusement pas tout compris ! j'aurais aimé que la lecture soit davantage accompagnée avec des notes. Toutefois certains contes sont vraiment très drôles !

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Les Sourires du sage

Wang Meng, né en 1934 à Pékin, a été ministre de la Culture de 1986 à 1989. Mais il n’a jamais été un de ces "caciques" du Parti Communiste chinois vus et revus sur le devant de la scène. Au contraire, il a toujours manifesté une réelle liberté de pensée; il a été déporté au Xinjiang pendant 16 ans ! Il a écrit surtout des nouvelles. Ce livre est un recueil de récits extrêmement courts, juste des sourires, des clins d’œil, concernant la vie quotidienne en Chine. Le héros nommé Lao Wang est sûrement un alter ego de l’écrivain. Le lecteur sourit légèrement, car l’humour de l’auteur n’est jamais appuyé. On peut déguster au compte-goutte la minute de lecture correspondant à chaque "sourire" proposé par Wang Meng.
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Des yeux gris clair

Des yeux gris clairs de Wang Meng est un court récit autobiographique qui relate la rencontre de l'auteur et narrateur Wang Meng avec Maerke, homme d'origine ouighour, pendant son exil semi volontaire dans la vallée de la Yili.

Et bien que l’histoire peut être lue indépendamment, elle fait partie d'un ensemble d'autres récits se déroulant sur la même période mais comportant d'autres personnages. Plusieurs d'entre eux sont évoqués à travers les divers récits sans être plus détaillés. Wang Meng raconte cette histoire aujourd'hui à partir de ses souvenirs, ce qui crée un certain recul mais donne aussi des indications sur cette période particulière de la Chine.

Au moment des faits, le narrateur et auteur se trouvait dans la vallée de la Yili à travailler dans les champs, ce qui faisait partie de la réforme Maoiste de l'éducation par le travail qui recommandait une hygiène de vie par l'effort.



Les fameux yeux gris claire de l'histoire ne font pas référence à Maerke mais à sa femme Aliya, qui sera sa seule et unique épouse. Bien que peu présente dans le récit aussi bien physiquement que dans les dialogues des personnages, c'est elle qui attire l'attention par ses yeux et sa beauté. Considérée comme la plus belle femme de toute la commune populaire, elle suscite l'admiration même chez les autres femmes qui en font des éloges sincères. Bien que plus âgée que Maerke et ayant déjà été mariée par le passé, ils semblent former un couple heureux, quoique atypique pour certain. Aliya semble être à l'origine des changements de comportement de son mari bien que rien ne nous soit montré directement. Sa maladie et sa mort l’affecteront beaucoup.



L'histoire débute au printemps 1969, période pendant laquelle Wang Meng séjournait chez un vieux couple ouighour, et où il fait la rencontre du charpentier Maerke, surnommé « Maerke l'idiot » en raison de sa propension à faire des idioties au lieu de travailler, qui fait office de vrai phénomène auprès des habitants. Ce n'est pas uniquement à cause de sa taille mais par sa verve qu'il se démarque. Capable de réciter des pans entiers du petit livre rouge de Mao à la limite du fanatisme tout en gardant une pointe enfantine dans le ton.

Amoureux de son métier de charpentier et peu enclin au travail, toutes les occasions sont bonnes pour y échapper, de même que pour les grands rassemblements. Il n’aime pas travailler en équipe et préfère s’occuper de sa femme malade. Malgré tous les reproches que les autres ouïghours peuvent lui faire, ils restent tous très solidaire et n'hésitent pas à le défendre notamment face aux zèles de certains bureaucrates chinois.



Le narrateur s'interroge plusieurs fois sur Maerke, sur ses origines, sur sa relation avec sa femme et les autres travailleurs mais aussi et surtout sur son idiotie. Suit-il les directives de Mao sans se poser de questions ou les détourne-t-il ? Se sert-il de la doctrine pour se sortir d’affaires ou montrer l’absurdité du système ? Wang Meng n'apporte jamais de réponse claire sur ce sujet et laisse le lecteur en décider, car lui-même ne semble pas savoir où se poser.



Ce qui est intéressant dans le récit de Wang Meng c'est une certaine forme de recule et tentative d'objectivité. L'auteur raconte des faits qui se sont passés il y a plusieurs années et se permet d'intervenir dans le récit pour apporter des explications, des éclaircissements sur certains événements mais également sur certains aspects culturels ou de la langue chinoise ou ouighour. Cette tentative d’objectivité se traduit dans sa façon d’aborder les choses et les gens. Jamais le personnage, lui-même, ne semble s’impliquer émotionnellement ou physiquement. S’il est impliqué c’est par la force de choses et semble vouloir se soustraire à plusieurs reprises de ce rôle actif pour rester simple spectateur, observateur de ses semblables.

Une autre interrogation se pose alors. Wang Meng est une personne engagé politiquement pourtant ses récit sur sa vie en exil ne font jamais part ou alors peu de ses positions. La politique n’est cependant jamais loin compte tenu de contexte dans lequel se déroule l’histoire. Mais elle n’est jamais sujet à débat ou réflexion, elle fait tout simplement partie de la vie quotidienne sous la forme de divers personnages faisant partie intégrante d’un système plus grand.



Au départ, il est difficile de positionner l’auteur car les fois où il intervient directement sont tout en contraste. A la fois réaliste dans son point de vue, critique dans sa vision des gens, tout en s’incluant dans le lot.. Il plane aussi dans le récit l'ombre de la Loutkrytev, présentée comme un élément dangereux du système n’hésitant pas à torturer, détruire et spolier les biens de toutes personnes susceptible d’avoir pris la voie capitaliste, qui débusquera et accusera Maerke considéré comme trop idiot pour comprendre Mao. Ce souvenir de Wang Meng retranscrit avec recul sans intervention directe de l’auteur met en avant encore une absurdité du système où des personnes obéissent et appliquent des choses qu’ils ne comprennent pas. On en vient à se demander pourquoi, certaines personnes, comme les ouighours, suivent des directives qu’ils n’ont visiblement pas envie de suivre, comment des dirigeants peuvent savoir ce qui est juste ou non, en accord ou non, avec des directives qu’eux même ne comprennent pas, pourquoi personne ne réagit ou n’intervient. Il est possible de se demander si les gens ne réagissent pas car ils sont endoctrinés ou parce que c’est plus pratique ?



Pourtant, bien que Wang Meng donne au lecteur l’impression de critiquer l’absurdité du système tout en condamnant les personnes qui agissent tels de moutons, il reproche à plusieurs reprises l’attitude de Maerke.

On se rend alors compte que Wang Meng est un avant tout un intellectuel, un homme de lettres, un idéaliste mais pas un rêveur. S'il adhère au partie et à son idéologie, il ne cautionne pas ce qui est fait surtout sous Mao. Communiste mais libre, libre de penser et de critiquer en démontrant l'incompatibilité du système avec la réalité locale.

Wang Meng semble être le seul à se rendre compte de l’absurdité du discours de Maerke qui galvanise les foules : mélange entre citations plus ou moins vrai quand elles ne sont pas transformées du fameux livre rouge, banalités et absurdités, critique du comité révolutionnaire, tout en y voyant une critique sous adjacente du système dans ce verbiage.

Il y a donc une forme de contraste. Ce sont justement les interventions de Maerke qui pousse l’auteur à sortir de son rôle de simple observateur et prendre une certaine forme de partie en défendant un système qui l’a pourtant exclu. Jamais il n’en fait de critique directe, jamais il ne reproche son exclusion et son exil qualifié de semi volontaire.



Il est possible de faire un rapprochement entre les deux protagonistes principaux. Tous deux inclus dans ce grand système et qui semblent en connaître les rouages. Si Wang Meng se pose en simple observateur, ne tentant jamais de s’y opposer, Maerke s’y confronte quant à lui directement, n’hésitant pas à s’attirer les foudres de ses supérieurs mais arrivant pourtant toujours à s’en tirer par sa gouaille en démontrant l’absurdité des discours de propagande. Les chefs de comité et même ceux de la Loutkrytev, allant même jusqu’à le montrer en exemple, lui attribuant les faits d’autres.

Si nous savons ce que pense l’auteur, bien que ses pensées semblent se contredire, il est plus difficile de se prononcer sur le cas de Maerke, notre vision du personnage de passant que par celle du narrateur. Son idiotie est-elle feinte ou bien réelle ?



La politique entre plusieurs fois en compte dans le récit sous la forme de bureaucrates, d’inspecteurs qui ne sont jamais montrés sous leurs meilleurs jours. Parfois froid, violent, un peu trop zélés jusqu’au ridicule, tenant des discours qui semblent absurdes. Leur crédibilité est mise à mal avec Maerke. Les discours de chacun se confrontent dans des situations qui frisent l’absurde.



Au final, un livre court certes, mais qui en dit long sur la Chine, sur l'auteur, sur tout un peuple.


Lien : http://outsitoutsi.over-blog..
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Contes et libelles





Voici un petit livre dont il est difficile de parler. Il s’agit d’un recueil de 9 nouvelles dont le thème commun est le langage et la parole. L’auteur joue sur les richesses de la langue chinoise et la traductrice a su rendre cela en français. Le centre de chaque nouvelle est le langage ou la parole et le sens est très très secondaire. Ces récits sont placés sous le signe de l’absurde, de manière plus ou moins marquée. Si on désire un bref résumé de ce recueil, je dirais que c’est une longue dissertation sur le langage, la langue et les phénomènes qui s’y rapportent. J’ai eu personnellement beaucoup de peine à accrocher et j’avoue que si ce livre n’avait pas été un service de presse, je ne l’aurais jamais terminé. Mais c’est mon avis personnel et les amateurs de nouveau roman et les fans de Ionesco vont adorer ces étranges nouvelles.



L’absurde des nouvelles est aussi une critique plus ou moins voilée de la politique chinoise. Wang Meng a connu tour à tour le succès, la disgrâce (en particulier sous le révolution culturelle) et la réhabilitation. Il est écrivain et a été ministre de la culture, sa carrière politique s’est arrêtée en 1989 après le massacre de Tiananmen à la suite duquel il a renoncé à sa carrière ministérielle. Certaines nouvelles sont absurdes dans la forme et dans le sens ce qui les rend vraiment pénibles à lire et d’autres ne le sont que par leur sens ou leur absence de sens, ce qui est moins désagréable. La poétique de ces textes m’est restée tout à fait étrangère, sauf pour deux d’entre elles.



Ma-le Sixième: Un homme tombe malade car malgré toutes les flatteries témoignées aux puissants du moment, il n’a pas pu obtenir de poste de fonctionnaire. Pour le sauver, sa femme joue sur les mots, il se prend au jeu mais finit par comprendre que ce ne sont que des mots, on ne sait si cette découverte le sauve ou l’achève.



Dialectique: L’empereur d’un pays qui cultive l’éloquence comme valeur suprême tombe malade. On organise un concours d’art oratoire pour le guérir. L’histoire n’a pas vraiment de fin non plus.



Paroles, parlottes, parleries: Un homme bavarde sans fin et assomme son épouse de ses discours creux où il dit sans cesse tout et son contraire .



Poétique: Un homme est célèbre pour son éloquence, c’est un cadre respecté du Parti, champion du discours. A l’âge de 59 ans, il devient bègue, puis carrément aphasique, mais il continue à être un cadre connu qui voyage pour le Parti. Il finit par comprendre qu’il a perdu la parole depuis qu’il a jeté son vieil oreiller en balle de sarrasin et l’a remplacé par un oreiller moderne. Il profite de ses voyages officiels et silencieux pour retrouver un vieil oreiller traditionnel.



Nec Plus Ultra: Sommet du non sens. L’auteur joue sur les sonorités de la langue chinoise, sur les mots qui se ressemblent et les pronoms des trois genres (masculin, féminin et neutre) pour produire un long texte de quinze pages qui n’est qu’une suite de mots et de morceaux de phrases qui n’ont aucun sens. Il n’y a pas de semblant d’histoire. J’ai trouvé ce texte totalement illisible et insupportable. Il faut toutefois remarquer la virtuosité de la traductrice sur cette nouvelle.



Celle qui dansait: l’une des deux nouvelles que j’ai aimées. Une vieille dame rend visite à un vieux cadre du Parti qui l’a invitée. Ils parlent à bâtons rompus de la pluie, du beau temps et de leur passé glorieux de jeunes révolutionnaires. Un texte touchant où on sent poindre l’angoisse des Chinois toujours inquiets de ce que dit et pense le Parti.



J’ai tant rêvé de toi: Un homme parle de son amoureuse dont on ne sait si elle est réelle ou ne vit que dans son imagination. Là encore un texte magnifique et très poétique, très onirique aussi.



Vieille cour du dedans si profonde: Un compositeur qui a connu vingt ans de disgrâce politique est à nouveau reconnu grâce au directeur du conservatoire. Pas mal de discours creux dans cette nouvelle dont on sent qu’elle est une critique voilée du régime.



Dur, dure le brouet: Une famille est organisée autour des grands parents, le menu est toujours semblable et on en débat sans fin. C’est évidemment une parabole du régime politique. L’organisation de la cuisine et sa réforme donne lieu a de grands discours., mais les changements n’aboutissent pas, aussi beaucoup de discours creux. La nouvelle la plus longue avec plus de cinquante pages.






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