Il fallait que je parte, que j'apprenne à connaître le véritable visage du monde. Notre petite vie confortable empêchait un grand nombre de gens de voir l'immense détresse en dehors de nos frontières. On versait sa contribution aux œuvres d'entraide humanitaire, ainsi l'on se sentait dispensé de toute réflexion.
Bischof est prodigieusement sensible aux atmosphères. Il vit surtout au Japon dans le climat mesuré, ordonné et paisible de l’ancien Japon qu’il exprime avec un dépouillement parfait dans la netteté nipponne. « Dieu, dit-il à Kyoto (en souriant sans doute), Dieu vit là où est la propreté ». Mais, quittant le Japon pour l’Amérique latine, l’angoisse et la mélancolie l’envahissent, dominantes des terres indiennes qui ne sont plus les terres des Indiens. Ses photographies des derniers mois sont comme voilées d’un implacable crêpe de tristesse.
(extrait de l’introduction de Claude Roy)
L’esthétique et la morale de Bischof convergent en ceci : il a voulu, tout au long de sa vie et de son œuvre, faire apparaître ce qui importe. Il exprima des sentiments forts. Il fut peu enclin à la sentimentalité. Dans son œuvre, la beauté et la bonté se confondent dans la même rigueur.
(extrait de l’introduction de Claude Roy)
Il fallait que je parte, que j'apprenne à connaître le véritable visage du monde. Notre petite vie confortable empêchait un grand nombre de gens de voir l'immense détresse en dehors de nos frontières. On versait sa contribution aux œuvres d'entraide humanitaire, ainsi l'on se sentait dispensé de toute réflexion...À la maison, j'ai regardé avec mélancolie les photos délicates que j'avais faites avant la guerre et qui m'avaient valu tant de louanges de la part de mon entourage - mais dans mon esprit je voyais les centaines de milliers de malheureux anéantis par la misère quotidienne et qui avaient besoin de notre aide.