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Critiques de Werther Dell`Edera (55)
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Persécution

Qu'il est agréable de découvrir un nouvel auteur, de refermer un premier bouquin en se disant qu'il n'est pas le dernier !

Le style alerte et caustique de l’écrivain contemporain Alessandro Piperno séduit d'emblée et son roman “Persécution”, publié en 2010, invite à une immersion au sein de la bourgeoisie juive romaine.



En cet été 1986, Leo Pontecorvo, la petite cinquantaine, est un homme comblé. Oncologue de renom il fait l’admiration de ses pairs par sa façon novatrice de soigner les enfants, privilégiant notamment l’approche psychologique tant vis à vis de ses jeunes patients que de leurs parents.

Entouré de son épouse Rachel, maman au foyer, de Filippo et Samuel, des adolescents très complices, la vie de famille est bien agréable dans la vaste maison moderne, située au cœur de la luxuriante Olgiata, dans laquelle Telma, la bonne philippine, s’active avec discrétion.



Un soir de juillet, à l’heure du repas, une photo du médecin apparaît au journal télévisé. La famille médusée, entend alors le présentateur parler d’une supposée correspondance dépravée entre Leo et Camilla, la petite amie de son fils cadet Samuel.

Bien qu’abasourdi par cette accusation calomnieuse d’une gamine de douze ans, ce mari fidèle, ce bon père de famille, cet homme admiré dans son milieu professionnel a confiance en son entourage. Épaulé par ses proches, il va, c’est sûr, relever le gant de cette accusation dénuée de tout fondement et laver aux yeux du monde son honneur si soudainement sali.

Leo ne réalise pas encore qu’il se trouve déjà pris dans un engrenage infernal, inexorablement engagé sur un chemin de croix. Quoiqu’il fasse désormais, la descente aux enfers vient de commencer…



L’écrivain italien livre par petites touches le parcours de vie du personnage principal.

Les jeunes années de Leo sous l’emprise d’une maman directive et sans complaisance, les rapports pas toujours simples avec une épouse au caractère affirmé, l’éducation parfois laborieuse des enfants, sont évoqués lors de nombreux flash-back. Ces derniers permettent de cerner la personnalité de Leo, un être finalement ambivalent, brillantissime dans certains domaines mais par contre emprunté, peu sûr de lui sur des sujets anodins.

L’auteur n’est pas tendre avec la bourgeoisie romaine ; l'hypocrisie semble le dénominateur commun aux différentes fréquentions de Leo. Même son ami d’enfance, Herrera Del Monte, devenu l’un des meilleurs avocats romains semble plus préoccupé par ses honoraires que par la défense de son client.



Terré dans le sous-sol de la villa, Leo ronge son frein ; il ne sait plus à quel saint se vouer.

Pris d’empathie pour cet homme sur lequel le sort s’acharne, le lecteur, mis au courant des éléments factuels déformés par l’accusatrice, prie pour qu’enfin la vérité éclate au grand jour.

Mais dans les beaux quartiers de la capitale italienne il est un mal sournois qui ronge une classe sociale à l’abri du besoin, une force terriblement destructive : la jalousie !
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Persécution

Que se passe-t-il si une petite jeune fille de 12 ans fantasme sur un homme encore plus âgé que son père, grand cancérologue pour enfants, charismatique et bel homme, par-dessus le marché ?

Eh bien...c’est la catastrophe, évidemment ! Pour qui ? Pour cet homme qui s’effondre, lâché par sa femme et ses 2 fils, mordu par les chiens des médias. Il abandonne tout et se réfugie dans le sous-sol de sa superbe maison romaine. Et nous assistons, médusés, à la spirale vers l’enfer, grâce à une plongée dans ses pensées.



Une analyse psychologique époustouflante de vérité. Tout est décortiqué, toutes les réactions sont sondées dans les moindres recoins. Superbe !

Je reste sans voix devant cette logorrhée verbale et surtout mentale.



L’atmosphère devient de plus en plus pesante au fil des pages et donne lieu à des échappées réflexives sur le cancer des enfants, sur l’amitié et ses apparences, sur le mariage et la paternité, sur l’influence déterminante de la mère, sur la vie des prisonniers, sur la judéité, sur l’influence des médias, sur le pouvoir de la haine et des racontars...je m’arrête là, admirative et je m'incline devant la diversité et la profondeur de l’analyse psychologique et sociologique.



Remarquable !

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Persécution

A l'heure où les crimes pédophiles ne cessent d'éclabousser l'Eglise catholique, à l'heure où l'excellent film de François Ozon constitue une formidable caisse de résonance à la condamnation judiciaire du cardinal Barbarin, à la mise en accusation et sous contrôle judiciaire du prêtre pédophile Bruno Preynat, je suis passée de l'autre côté du miroir avec le roman de Alessandro Piperno : Persécution. Titre évocateur et en parfaite adéquation avec la situation du héros de cette histoire, puisqu'il s'agit de la longue descente aux enfers d'un brillant professeur de médecine, Leo Pontecorvo, suite aux fausses accusations d'une lolita de douze ans, Camilla, qui va l'accuser de viol.

Sujet ô combien délicat, s'il en est... Alessandro Piperno choisit au début du roman un point de vue intéressant, celui d'un narrateur extérieur qui nous annonce d'emblée le drame à venir et va ensuite procéder par flashbacks successifs interférant avec le vécu de Leo après après sa mise en accusation pour viol. On aurait pu espérer de cette structure que chacun des retours dans le passé nous donne des pistes nous permettant de comprendre ou au moins de faire des hypothèses sur la situation présente. Or il n'en est rien, et j'ai ressenti ces flashbacks comme de longues digressions qui m'ont fait perdre de vue Leo Pontecorvo, retranché dans le sous-sol de la villa où il vit avec sa famille depuis le triste soir où il a appris à la télévision de quel scandale il était l'objet.

Bien sûr, Alessandro Piperno lorsqu'il remonte dans le passé de Leo en profite pour brosser un portrait féroce de cette bourgeoisie juive romaine, monde auquel appartient notre héros et certains passages sont à ce titre fort savoureux. Mais aucune prise en compte de l'issue tragique à venir, aucune tension dramatique sous-jacente . Il m'a fallu attendre la moitié du roman pour que je sente vraiment que Leo vivait un drame faisant de lui une victime sur laquelle allait se refermer, comme un piège, un appareil judiciaire décidé à le condamner. Et la scène avec le procureur qui va enfin lui faire part de sa mise en accusation pour viol est à ce titre très réussie car elle évoque d'autres scènes similaires de bien d'autres procès politiques, religieux ou autres, où un accusé est condamné d'avance , où tout ce qu'il a pu faire ou dire dans le passé est décontextualisé et retissé de façon à constituer des preuves à charge irréfutables.

D'ailleurs Leo lorsqu'il va comprendre que sa cause est perdue va devenir à lui-même son propre bourreau : paranoïa, goût du complotisme, paradoxe de la honte qui le pousse à aller plus loin encore dans la douleur pour voir jusqu'où il peut aller, lassitude de celui qui se sent traqué et qui de guerre lasse tend son cou au bourreau. Tout cela est fort bien vu et rendu... jusqu'au moment où une dernière et longue digression me fasse de nouveau perdre de vue Leo et sa longue descente aux enfers. Et la fin du roman ne m'a pas permis de replonger dans le drame et d'y voir un point d'orgue incontournable.

C'est dommage, car la plume de Alessandro Piperno a une force de dénonciation évidente...
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Persécution

Leo Pontecorvo a tout pour lui : grand beau riche, une profession reconnue par tous (cancérologue pédiatrique), une épouse aimante et deux fils merveilleux.

Leo Pontecorvo est un homme reconnu pour sa gentillesse, son excellente éducation, son rapport plein de sollicitude pour son entourage immédiat comme professionnel.

Pas une ombre au tableau. Vraiment ?

Alors pourquoi vers l’âge de cinquante ans, rien ne va plus. Pourquoi cet homme si parfait voit-il son avenir devenir moins brillant et même carrément glauque. Pourquoi sa famille, ses amis, ses collègues lui tournent-ils si rapidement le dos. Où est la vérité dans ce qu’impriment les journaux qui l’accusent de détournements de fonds, de factures gonflées, d’usure et même de pédophilie ?



Ne comptez pas sur moi pour vous révéler la vérité mais sachez qu’ici, Allessandro Piperno a réalisé une étude de personnages hors du commun. Que l’auteur a excellé dans la lente montée de l’angoisse qui saisit notre héros. Que tout a été analysé, décortiqué, justifié. Un travail d’orfèvre ! Et surtout sachez que la fin est glaçante.

Un roman brillant qui dépeint finement la bourgeoisie juive romaine des années 80, et analyse les situations à l’aune des croyances et de la religion. Un roman aussi plein d’humour caustique et grinçant.

Une belle découverte !

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Persécution

"La calomnie...(...) D'abord un bruit léger, rasant le sol comme une hirondelle avant l'orage.... telle bouche le recueille, et, piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement ; le mal est fait : il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando, de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d’œil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription."



Le grand air de la calomnie- piano, rinforzando, crescendo - est si brillamment entonné par Figaro que je n'ai pu que lui céder la place de ténor qui lui revient..



A mon tour, cependant. Une drôle de chanson…



J'ai passé deux jours éprouvants à dévorer Persécution.



D'abord en dilettante- charmée, amusée par l’ humour caustique, cinglant d’Alessandro Piperno, qui fait toujours mouche, en disant avec détachement des choses justes sur les petites lâchetés pardonnables de son héros, Leo, un homme aimable, séduisant, bon père, bon époux, bon médecin, mais plein de fatuité, d’autosatisfaction, de colères pusillanimes et de capitulations infimes. Bien sûr, vu le titre et un usage assez brutal de la prolepse, nous savons, dès les premières pages, que tout cela va finir très mal. Mais, n’est-ce pas, nous sommes entre gens de bon ton, et rien n’est à prendre au sérieux, et encore moins au tragique.



J’ai donc beaucoup ri. D’abord.



Mais bientôt, en dépit des piques qui égratignent, en vrac, le socialisme peu regardant mais si flamboyant de Benito Craxi (et Mitterrand), les mères juives, les enfants trop couvés, la bourgeoisie romaine, les intellectuels, les nouveaux riches, les adolescentes manipulatrices, les avocats cyniques, le corps médical incapable de gérer la souffrance ET la vérité - malgré toutes les digressions et anecdotes qui émaillent le récit et semblent faire musarder l’intrigue dans des chemins de traverse- les interventions senties du narrateur malmenant son lecteur, son héros ou ses personnages m’ont impitoyablement ramenée sur la trajectoire d’une exécution en règle.



J’ai encore souri, bien sûr –comment résister à tant d’humour ? - mais comme au cirque, quand on sait que le seau va se renverser sur le pauvre clown, ou qu’il va évidemment tomber de la corde où il fait le pitre.





Une chute par paliers.



Par négligence, Leo est compromis dans une affaire de détournement de fonds dans la gestion de l’hôpital où il est un éminent oncologue pour enfants.



Par excès de confiance, le voilà accusé d’usure par un assistant indélicat qu’il a voulu aider. Mais sa femme, sa famille, ses amis lui demeurent fidèles et défendent bec et ongle ce pauvre Leo incapable de comprendre un bordereau ou une facture, de se défendre contre la rapacité et le mensonge de son entourage professionnel.



Jusqu’au jour où une petite Lolita psychopathe, mal dans sa peau et mal dans sa famille, jette son dévolu sur lui et le harcèle de lettres d’amour. Elle a douze ans et c’est la petite amie de son fils cadet. Il croit pouvoir botter en touche, lui faire comprendre les choses sans scandale. Il commet l’erreur de lui écrire.



C’est l’hallali..





Persécution est le récit d’une chute, celle d’un homme trop confiant en sa bonne étoile, trop gâté par le succès, trop négligent et inadapté aux « terribles pépins de la réalité » pour pouvoir gérer la malignité et la jalousie de ceux qui ne lui pardonnent pas sa naïve magnanimité.



Pire encore : c’est le récit d’un abandon en rase campagne, d’un lâchage brutal et sans rémission. Un homme est livré aux chiens par ceux qui lui sont le plus chers.



Toutes les digressions, les anecdotes, les saillies du narrateur nous ont conduits à pénétrer la psyché de Leo : avoir ri de sa naïveté, souri de ses errements, nous l’a rendu plus proche, plus cher… Il est devenu notre semblable, notre frère…



Comme lui, il y a des choses que nous ne comprenons pas. Qui lui envoie ces dessins mystérieux et naïfs, proches de la BD, qui émaillent le récit et sont énigmatiquement liés à ses pensées les plus secrètes, à ses rêves ou à ses hantises ? Qui le surveille, le nourrit, le protège…ou souffle le chaud et le froid pour mieux précipiter sa perte ? Comme Leo, nous ne pouvons apporter de réponse à ces mystères, et l’épilogue ne nous en donne pas la clé.



Commencée dans le rire, dans l’ironie, notre lecture s’est faite plus pénétrante, plus empathique. Et elle nous a emmenés au-delà de l’empathie : dans la sidération, dans l’incompréhension, dans un sentiment d’injustice et de non-sens d’une opaque cruauté.



Kafka et sa Métamorphose ne sont pas loin : Leo dans son sous-sol c’est Grégoire Samsa, pauvre cancrelat devenu, pour les siens, un objet d’horreur. Et de persécution.



L’ironie n’a pas mené au détachement, comme elle le fait souvent : sans éveiller notre méfiance, Alessandro Piperno a fait de son lecteur – de sa lectrice en tout cas- un autre Leo : il m’a prise au piège de sa légèreté et brutalement jetée dans le noir enfer d’une situation kafkaïenne- totalement injuste et absolument sans issue.



Un livre magistral, cinq étoiles, sans aucune hésitation !













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Persécution

Lors de sa sortie, Persécution m’avait tapé dans l’œil mais depuis je n’avais jamais eu l’occasion de le lire. Alors quand j’ai vu ce roman perdu au milieu de tant d’autres sur une des nombreuses étagères d’Emmaus, j’ai enfin saisi ma chance et je me suis proposé de lui donner une seconde vie.



Nous sommes en Italie dans les années 1980, quand Leo Pontecorvo, un brillant pédiatre est père de famille est accusée par une adolescente de douze ans d’avoir tenté de la séduire. Son monde s’écroule alors et il se terre dans son sous-sol aménagé. C’est l’occasion pour lui de réfléchir, et de nous raconter son mariage, sa vie de couple et de père de famille et puis sa rencontre avec l’adolescente.



J’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteur Alessandro Piperno, que je lisais pour la première fois. Malgré tout, je ressors avec un sentiment mitigé car le roman est trop long. Trop de blabla qui perdent parfois le lecteur et honnêtement, je pense qu’on pourrait facilement retirer une petite centaine de page.

Je suis quand même ravie d’avoir eu l’opportunité de lire ce roman et je ne tarderai pas retenter une autre lecture de l’auteur.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Batman : Anarky

Après avoir vu récemment le dernier Batman, j'ai eu envie de poursuivre ma découverte de ce super-héros au travers de la lecture de comics et mon choix s'est porté sur Anarky parce que j'étais assez intriguée de voir comment le vent de révolte serait traité...



Même si les histoires racontées dans cette intégrale ne sont pas canons, j'avais envie d'en apprendre plus sur Batman et les autres personnages qui entourent cet univers (notamment Anarky, dans ce cas précis). Je dois dire que j'ai été un peu déçue par ce que j'ai lu : Une enquête avec des symboles anarchistes et une autre sur le Chevalier Noir à propos de crimes d'enfants n'ont pas apporté le regard anarchiste et anticapitaliste que j'espérais voir...



Même si les histoires étaient sympathiques à lire, j'espérais - ne connaissant rien à l'univers de Batman jusque-là - pouvoir y lire un quelconque message de révolte, qui n'était finalement pas présent comme je l'espérais.



Ceci dit, j'ai passé un bon moment de lecture et les illustrations étaient sympathiques ! Je me laisserais sûrement séduire par d'autres histoires de Batman, idéalement canons.
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Persécution

Etrange impression que celle laissée par ce roman dense et complexe, qui fouille dans les méandres de la conscience humaine.

Leo Pontecorvo, pédiatre renommé, découvre au journal télévisé qu'il est accusé d'avoir entretenu une liaison avec une adolescente de 12 ans. Stupeur autour de la tablée familiale. Mais alors que l'on s'attend à ce qu'il se défende avec véhémence, il... fuit. Il se cache dans le sous-sol de sa maison.

Le roman raconte cette descente aux enfers et tout ce qui a précédé, avec moult détails et précisions (l'auteur est fan de Proust). On entre dans les tourments de l'âme de ce médecin, on le découvre brillant, arrogant, pédant -et lâche. On doute, on cherche à savoir, à comprendre, on s'impatiente. C'est un récit tout en intériorité (bizarrement ponctué d'images), qui laisse un sentiment déroutant ; à l'instar du personnage principal, il m'a davantage agacée que charmée. Toutefois, à travers son portrait, Alessandro Piperno dépeint également la bourgeoisie romaine du milieu des années 80, et j'ai apprécié la finesse de ses observations.

Ce n'est pas une lecture qui me semble indispensable, mais elle devrait séduire les amateurs de romans psychologiques.
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Persécution

A un moment dans ma lecture, l'idée s'est imposée à moi avec force et ne m'a plus quittée Comment ne l'avais-je pas vu plus tôt ? Les indices étaient là, flagrants. Un homme flamboyant dans la cinquantaine réunissant réussite professionnelle, sociale et familiale. D'origine juive Léo Pontecorvo, cancérologue dévoué et professeur d'université à Rome, allie légèreté, bienveillance et même une naïveté confondante. Un conformiste si rassurant. Oui c'était bien à Seymour Levov, le Suédois de la Pastorale américaine de Philip Roth qu'il me faisait penser. Cette plongée obsessionnelle au plus profond de lui pour tenter de comprendre, de justifier et de survivre à l'inacceptable.

Des accusations a priori infondées de détournement sur une enfant de douze ans frappent Leo. L'annonce du crime à la radio fera l'effet d'une bombe. La vie va basculer. Leo va se terrer solitaire dans un sous-sol, véritable prison assumée. L'affaire suit son cours à travers le regard de Léo, ses questionnements incessants, ses retours en arrière, ses rares sursauts de violence, son apathie souvent, son enfermement sur lui-même. Leo devient spectateur et juge de sa vie.

Le titre du roman ne laisse pas place à l'ambiguïté. Il est victime de persécution. Pourtant il subsiste dans sa vie un angle mort, une zone grise qu'on n'ignore. Des faits délictueux, une sombre histoire de prêt usuraire, des lettres semblant prouver sa culpabilité, un verdict passé sous silence. Beaucoup de choses sont évoquées non développées comme si elles étaient accessoires. On est aux antipodes d'une enquête et même d'une simple recherche de la vérité factuelle. L'important ne semble pas être là. Dénouer la trame inextricable des torts et des injustices notoires n'est pas au centre du récit. Car « la leçon la plus importante [c'est] qu'il n'y a pas de leçon à apprendre ».

Un roman psychologique où un personnage, transparent au départ, prend toute la mesure de son destin tragique et de son impuissance face à la justice, la société et les médias, véritables machines à broyer lancées sans frein.

Une peinture féroce. de sa femme étriquée aux amis hypocrites, de l'avocat détestable aux parents parvenus de Camilla. Un monde de gardiens « vertueux et intransigeants de la moralité publique » qui condamne lourdement celui qui ne sait pas trouver les armes nécessaires.

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Persécution

Lu après Inséparable, ce livre ma donne davantage de clés pour comprendre la totalité de l'histoire vue et ressentie du côté de Leo Pontecorvo, le père lynché par la rumeur insidieuse, les ragots et surtout le jugement sans appel de sa femme et de ses deux fils. Portrait d'une victime qui ne se défend pas. Descente , au propre comme au figuré, d'un homme au faîte de sa carrière, racontée avec talent, humour, profondeur. Excellent, je l'offre en italien à mon gendre romain!
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Persécution

Persecution : un titre évocateur, une histoire qui laisse une drôle de sensation, une fois la dernière page tournée...

Quelle histoire, et quelle plume !!

Je ne connaissais pas du tout l'auteur, Alessandro Piperno, et à vrai dire, sans un ami qui me l'a prêté en m'assurant qu'il allait me plaire, je ne l'aurais jamais lu....( Encore merci à toi R., tu connais décidément bien mes gouts et grâce à toi , quelles belles découvertes littéraires j'ai déjà pu faire....)

On se retrouve dans les années 80, dans une respectable famille romaine. Le père, Leo Pontecorvo, brillant pédiatre, voit sa vie basculer quand la petite amie de son fils l'accuse d'avoir essayé de la séduire...

Tout l'univers de cet homme, qui vivait un peu dans sa bulle, s'effondre et on assiste à une lente descente aux enfers.

On découvre la personnalité de Leo, de sa famille et on essaye de comprendre , comment, mais comment il a pu en arriver là....

La plume de l'auteur est brillante, assurément, et l'histoire ne laisse pas indifférent, d'autant plus qu'on sent qu'elle n'est pas tout à fait terminée et qu'elle trouvera sa conclusion dans Les inséparables, livre que je vais tôt ou tard avoir en ma possession pour découvrir le fin mot de l’histoire....

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Persécution

Léo a toutes les qualités de son prénom, il est un « lion superbe et généreux » comme disait Hugo. Il compte sur Rachel, sa lionne, pour assurer son ordinaire et vaquer aux obligations domestiques ; lui survole tout cela car il est beau, intelligent et puissant : on dirait un spot publicitaire de parfum masculin. Au travail il est brillant et admiré, à la maison il se laisse vivre. Tout lui a toujours réussi, l’adversité il ne la connait pas et (c’est furieusement dans l’air du temps), quand elle survient, inutile de lutter, tout finira par s’arranger !

Rita l’aime, comment ne pas l’aimer ? Il l’a séduite, lorsqu’elle était sur les bancs de la faculté de médecine et lui sur l’estrade. Tout le monde l’aime : la lionne, les lionceaux, ses petits patients de l’hôpital, leurs parents, l’équipe médicale, ses étudiants, ses étudiantes surtout, la femme de ménage et la gamine de douze ans qui s’est fait inviter chez lui au prétexte qu’elle est la copine de son fils cadet. Il aime être aimé, (qui n’aimerait pas ça ?), mais il a toujours été fidèle à sa lionne, se contentant d’apprécier sans y toucher le désir qu’il suscite…léonin vous dis-je.

Le roman débute sur une note légère, souvent drôle et ironique, comme le portrait savoureux de l’une de leurs amies, bourgeoise fortunée et communiste, défendant le « peuple » et toutes les petites gens qu’elle aime tant…à l’exception de toutes celles qui croisent sa route !

Leo est imprudent, ingénu et confiant quand Rachel est prudente, avisée et modeste. Les disputes ne durent pas, il boude, elle fait le premier pas (« allons, ne fais pas l’enfant, j’en ai assez de deux et ils sont déjà à table là-haut ») et il redevient charmant.

Grâce aux documentaires animaliers de tous poils, nous savons que c’est la lionne qui, faisant l’essentiel du travail, dirige la vie de famille. Lorsque le lion, peureux et honteux, s’enfuit et que, cette fois, la lionne ne réagit pas, le roi est nu. Il s’enferme dans sa honte, dans son incapacité à lutter et il sombre. A un point tel que la lionne et ses lionceaux, qu’il aimait tant et qui vivent désormais sans lui, soient finalement contraints de « nettoyer et payer la note ».

Avec une intrigue, somme toute assez mince, dédaignant la convenue dénonciation de la calomnie et du système mediatico-judiciaire, Alessandro Piperno brosse le tableau d’un homme comblé, aimé et admiré qui va tout perdre par ingénuité et pusillanimité.

La langue est superbe : l’évocation d’un souvenir d’odeur de café (p395) est magnifique, « l’image des joues de grenouille de Dizzy Gillespie » ou celle, vue d’avion, des « deux embarcations intrépides qui gagnaient le large, (faisant) penser à deux spermatozoïdes serpentant en quête d’une occasion » (p361) sont admirables. On en trouve de ce genre à peu près toutes les deux ou trois pages. Voilà un roman original, puissant et raffiné qu’on ne peut pas lâcher et à la fin duquel on se dit que l’auteur serait capable de nous raconter, s’il existait encore, la folle aventure d’un annuaire téléphonique en nous jetant au fond d’un fauteuil sans autre issue que de l’écouter, un sourire béat au coin des lèvres dans l’attente impatiente d’un nouveau numéro.

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Persécution

13 juillet 1986. Banlieue romaine résidentielle."Le présentateur du journal télévisé de 20 heures" lance une bombe à l'antenne:Leo Pontecorvo aurait "entretenu une correspondance dépravée avec la petite amie de son fils âgée de 13 ans".

Léo Pontecorvo, cancérologue réputé, enseignant démagogue charismatique, époux fidèle, "dieu vénéré des siens, se voit "mis en échec," par une petite mythomane (invitée au ski) auteur de missives enflammées (auquelles par jeu et par défi il a eu la naïveté de répondre) et boycotté sournoisement par tous parce qu'il est lui et fier de l'être.

Une série de malentendus,une trop grande crédulité mettent sa carrière en danger.

Qu'en est-il lorsque le déshonneur s'abat sur un homme au faite de la réussite?

"Ils vont me mettre en pièces" se dit-il. Pauvre de lui!

Les ragots vont bon train."La femme la plus formidable du monde" se détourne, ses fils le rejettent,les faux amis le salissent,l'avocat ex-copain de jeunesse règle ses comptes et s'en met plein les poches,les taulards l'agressent,le magistrat obtus enfonce,un mystérieux dessinateur épiant ses faits et gestes le harcèle, bref le persécuté sous un surcroit de persécutions n'est pas loin de disjoncter.

Détruit psychologiquement,retiré loin de tous dans son sous-sol, honteux, s'en sortira-t-il?

Un registre émotionnel très riche entre honte,désarroi,souffrance,envie de mourir, angoisse, colère, haine face au scandale dévastateur.

Persécution, rondement mené, questionne sur le bonheur et la réussite, parfois plus source de haine que d'admiration.

Sur fond de judaïcité, où le matriarcat est très présent, la psychologie du "petit garçon de sa maman" narcissique et trop crédule à la fois est fort bien dépeinte.La mère juive a toujours le dernier mot et les dissentions religieuses cachent parfois d'autres fêlures.

Alessandro Piperno, auteur italien contemporain d'un essai et de deux romans(dont Avec les pires intentions) enseigne la littérature française à l'université.

Cinq étoiles!!
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Persécution

Un soir d’été dans une villa d’Olgiata, banlieue chic de Rome, la famille Pontecorvo, composée de Leo, Rachel et de leurs deux fils, est réunie pour dîner dans la cuisine, la télévision allumée sur les informations. Télévision qui leur lâche une véritable bombe: Leo Pontecorvo, 48 ans, riche et bel homme, cancérologue pédiatrique réputé, professeur d’université estimé, père et mari exemplaire, est accusé d'abus sexuel sur une mineure, Camilla, la toute jeune petite amie de son fils Samuel, âgée de 12 ans. Comment réagit Leo ? Il panique. Que faire face à cette accusation entendue par la moitié de l'Italie ? Au lieu de se défendre, Leo fuit la cuisine et déménage au sous-sol.

Avant de nous donner les circonstances qui vont donner lieu à pareille accusation, le narrateur omniscient du roman s’attarde sur le passé de Leo, de Rachel, de leur rencontre, leur mariage etc.

S'ensuit le plongeon d'un homme dans un tourbillon médiatique et judiciaire face aux accusations d’une fillette mythomane. A de précédentes accusations de fraude fiscale et manipulations diverses liées à sa profession, s’ajoutent la stigmatisation de pédophilie. Dès le début du roman, le lecteur sait que cela finira mal pour Leo…



« Persécution », « brillante anatomie d’un scandale sexuel », raconte l'histoire d’un homme issu de la bourgeoisie juive romaine, idolâtré par sa mère, heureux en ménage comme à l’hôpital ou à l’université, professeur et médecin brillant.

Il n’a connu que le bonheur, a toujours vécu dans une bulle de bien être, de sérénité , de prospérité et d’optimisme (sa famille a échappé à l’Holocauste, vivant en Suisse pendant la guerre). Mais il est faible et lâche, il est resté un petit garçon à sa maman qui n’a jamais grandi. Il va se trouver happé par les commérages, les calomnies et condamné par une société dominée par les apparences.

Piperno décrit et dissèque les états d’âme de Leo avec brio et je ne suis pas étonnée d’avoir lu que Piperno est un grand admirateur de Svevo (mais Leo Pontecorvo n’a rien à voir avec Zeno!) et de Proust.

« Persécution » est un roman dense, féroce, ironique et original. La qualité, l’inventivité, la finesse de l’écriture et le sens de la digression de Piperno sont exceptionnels et embarquent immédiatement le lecteur, alors qu’il ne se passe pas grand chose dans la première moitié du roman. Il est le premier volet d’un diptyque et je me réjouis à l’idée de lire la suite « Inséparables ».
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Persécution

Juillet 1986,une villa cossue immergée dans un parc résidentiel aux portes de Rome.

Autour de la table du dîner, une très belle famille,lisse et policée: Leo,48 ans,célèbre pédiatre oncologue mondialement reconnu, Rachel ,sa femme,avec son titre de médecin,épouse et mère dévouée ,aux principes rigides , Filippo et Samuel,les deux fils pré-adolescents. En toile de fond de cette intimité presque parfaite,l'omniprésent T.V. et le journal de vingt heures. Journal qui,ce soir-là,saccage la belle harmonie ,détruit une famille.

Les 400 pages suivantes révèlent le caractère,la façon d'être,les états d'âme de Leo, mêlent passé et présent de manière maîtrisée et convaincante.

Une notion qui revient à plusieurs reprises est celle de la honte.Ressentie par le héros ou d'autres.

Les familles de Leo et de Rachel sont juives,ce qui pèse lourdement sur leur présent. On assiste,écrit Giuseppe Antonelli,à ce qui serait l'expiation d'un ancestral sentiment de culpabilité lié à une condition privilégiée; "celui de la bonne bourgeoisie ébraïque sortie indemne des persécutions."

Dans un article paru dans Le corriere della sera,où,comme son héros l'auteur tient une chronique, Piperno écrit:"Honte.Faute.Loi.Châtiment. On l'exprime toujours avec la majuscule mais en comprenant que ces mots font mal seulement quand ils envahissent la vie avec une minuscule."

C'est un roman psychologique bien construit,bien écrit,mais qui me laisse insatisfaite, Extérieure.La description des états d'âme de Leo n'est pas convaincante,pas émouvante,ses relations avec sa famille non plus.Tout m'as paru forcé,exagéré et donc improbable.

Voyons ce que sera la suite ,vingt ans plus tard je crois,avec "Inséparables"

N.B. Piperno s'est-il inspiré de la tragique histoire de Carlo Marcelletti,célèbre pédiatre et cardio-chirurgien qui s'est suicidé un an auparavant après avoir été accusé d'abus sur ses petits patients ?
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Persécution

Persécution, c'est l'histoire de la descente aux enfers d'un professeur de médecine à qui tout avait réussi.

A l'origine, la dénonciation calomnieuse d'une fillette.

Alessandro Piperno a fait un livre brillant sur la justice, la vérité, les médias et plus généralement sur notre époque contemporaine. Paru en 2010 en Italie, le livre qui se déroule dans les années 80 n'a rien perdu de son caractère actuel. Piperno est tour à tour drôle, féroce, profond. Au détour des chapitres, il nous parle de couple, de famille, d'économie, de politique et même d'amour, tout en dressant le portrait de Italie pré-Berlusconi.

Un excellent roman.





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Persécution

C'est le premier roman que je lis de l'auteur italien Alessandro Piperno. L'histoire se déroule à Rome en 1986. Leo Pontecorvo est un professeur de médecine respectable, cancérologue dans un service de pédiatrie. Issu de la bourgeoisie juive romaine, il est élégant et charismatique, tout semble lui avoir réussi dans la vie. "[...] les choses n'avaient cessé de bien se passer pour lui. Une enfance et une adolescence enchantées, protégées par une mère qui l'idolâtrait, et couronnées par des études éblouissantes qui lui avaient garanti une merveilleuse carrière sur les traces de sa famille, l'amenant toutefois à acquérir un prestige jamais approché par aucun Pontecorvo."



Le roman s'ouvre sur une scène familiale au moment où il apprend au journal télévisé que Camilla, la petite amie de son fils Samuel, âgée de douze ans, l'accuse d'abus sexuel. Au lieu de se défendre de ces accusations, il se réfugie dans le mutisme et se remémore les événements qui l'ont mené jusqu'à cette situation.



Au fil des pages, on tente de comprendre la passivité de ce personnage. Ses angoisses transparaissent à travers les pensées et souvenirs qu'il nous livre: sa relation avec sa femme Rachel et leurs fils Filippo et Samuel, leurs amis Flavio et Rita, la jalousie de son ami d'enfance Herrera "un véritable requin du barreau", l'étrange correspondance avec Camilla "un petit personnage réellement extravagant", sa rencontre avec le père de l'adolescente "ce type ridicule avec son bronzage d'amateur de voile, ses cheveux de Viking et sa tenue d'Esquimau"...



J'ai beaucoup apprécié l'écriture de ce roman, teintée d'ironie. Un dénouement tragique attendu, mais une envie de lire la suite m'a habitée tout au long de ma lecture. Une lecture très agréable.
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Persécution

Roman contemporain sur la chute d’un homme, sa désintégration sociale et familiale. Cancérologue-pédiatrique célèbre, mari fidèle et bon père, fruit d’une longue tradition familiale juive et romaine, Leo Pontecorvo vit avec mesure dans le bien-être et l’équilibre et a tendance à se décharger des contingences matérielles sur son épouse (qui a succédé à sa mère). Accusé des pires maux, au lieu de se défendre, il descend se terrer dans la cave. Son passé et son caractère ne l’ont pas préparé au combat. Il essaye de comprendre comment ce piège a pu se refermer sur sa vie, se replie lentement sur lui-même et passe de l’angoisse à la paranoïa.

Plutôt qu’un roman sur la pédophilie (qui ici n’est que prétexte), ce roman est une formidable étude psychologique d’un homme lâche mais également une galerie de portraits : sa mère, son épouse, son avocat, le procureur, la fillette et ses parents… tous ces personnages d’une classe sociale huppée avec ses déterminismes sociaux qui permettent ou non de réagir

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Persécution

Une vie peut basculer du jour au lendemain et la spirale de l'enfer se déploie. Laisser vous entraîner comme le personnage principal de ce livre. Bravo Alessandro Piperno.
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Persécution

Bavarde, inintéressante histoire de personnages singulièrement lâches. J’ai rarement eu autant de mal à finir un livre que j’ai pu en avoir à terminer celui-ci. Je n’ai aimé ni le style, ni les personnages, ni l’intrigue qui avait pourtant attiré mon attention lorsque j’ai trouvé cet ouvrage sur les étagères de la bibliothèque. Je suis passée complètement à côté de ce roman. Une réelle déception.
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