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Citation de Danieljean


Le ciel enfin entendit nos vœux : Kebal devint père et la reine lui donna en même temps un fils et une fille. La joie fut générale mais personne, après le roi, ne parut y prendre tant de part que le jeune et beau Farlih, cousin de la reine. Comme la cour des rois fourmille toujours de méchants et d’envieux, on empoisonna les oreilles de Kebal par des remarques odieuses sur la satisfaction que le Prince Farlih témoignait. Le soupçon entra dans son cœur, il crut voir une intelligence criminelle entre la reine et Farlih. Transporté de jalousie, il fut injuste pour la première fois de sa vie. On ne négligea pas de lui faire observer combien d’années s’étaient écoulées sans que la reine eut été grosse, et de supputer le temps où Farlih s’était rendu auprès d’elle. Enfin, on n’oublia rien de ce qui pouvait nuire à cette princesse, dont l’humeur sévère avait déplu aux courtisans.
Kebal, ne sachant quel parti prendre dans une si embarrassante situation, jugea à propos d’aller demander conseil à un Sage de ses amis, qui ne sortait jamais de sa solitude. Il resta trois jours à ce voyage. Il revint bien inquiet de savoir ce qui s’était passé durant son absence, quand le chef de ses eunuques vint à sa rencontre et s’étant prosterné tout en larmes à ses pieds, lui dit :
— Que votre Majesté me fasse couper la tête ! Je ne suis pas digne de vivre puisque je suis forcé de lui apporter une mauvaise nouvelle. La reine a su tromper ma vigilance. Elle a fait entrer le prince Farlih dans le harem. J’en ai des preuves certaines.
— Malheureux ! s’écria Kebal ! Ta chétive tête n’est rien. Il me faudra bien d’autres victimes, va sur le champ étrangler la reine, fais en autant à l’adultère Farlih, et reviens me rendre compte de ces deux expéditions ! Je disposerai ensuite de toi selon tes mérites.
Après ces mots, Kebal se retira à l’intérieur de son harem sans daigner me faire appeler. Il était en proie à une furie qui augmenta hors de toutes bornes, quand l’eunuque revint lui dire que Farlih était allé faire un court voyage et ne reviendrait que dans quelques jours. Ce départ, si mal à-propos, confirma pleinement l’accusation dont la pauvre reine venait d’être la victime et fit naître dans le cœur de Kebal une horreur extrême pour les enfants qu’elle lui avait donnés.
Il crut n’avoir point à douter que ces malheureux enfants, qu’il s’était tant réjouit d’avoir obtenu du ciel, étaient le fruit d’un crime. Il se dépouilla du titre et des sentiments de père et ne songea plus qu’à s’ôter de devant les yeux ces témoignages de sa honte, ces objets de sa fureur.
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