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Citation de Charybde2


Un gratte-papier à lunettes s’assit juste à côté de Sybil. Une lisière bleuie d’un pouce de large lui décorait le front qu’il avait rasé pour se donner le genre intellectuel. Il lisait le programme préparé par Mick en suçant un bonbon acidulé au citron. Plus loin dans la rangée, un trio d’officiers, des permissionnaires de la guerre de Crimée, l’air très content d’eux, étaient venus entendre parler d’une guerre à l’ancienne menée au Texas avec des moyens à l’ancienne. D’autres soldats étaient dispersés dans la foule, repérables à leur tunique écarlate – cette sorte d’engagés respectables qui ne cédaient pas à l’appel du gin et des entraîneuses mais acceptaient la solde de la Reine et apprenaient l’arithmétique nécessaire aux artilleurs pour revenir travailler dans les chemins de fer et les chantiers navals et améliorer leur condition.
La salle était à vrai dire pleine de ces gens qui ne songeaient qu’à mieux faire : boutiquiers, vendeurs de grands magasins, pharmaciens avec leurs épouses et leurs enfants tirés à quatre épingles. Au temps du père de Sybil, ces gens-là, les gens de Whitechapel, étaient coléreux, maigres et mal habillés, la matraque à la main et le coutelas à la ceinture. Mais les temps avaient changé avec les Radicaux et, à présent, même Whitechapel avait son contingent de femmes guindées au visage lavé de toute expression et d’hommes abrutis ; les yeux rivés à la pendule, qui lisaient le Dictionnaire des connaissances utiles et le Moniteur du progrès moral et ne songeaient qu’à leur avancement.
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