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Citation de Nastasia-B


ANTOINE : Le mal que font les hommes survit après eux,
Le bien est souvent enterré avec leurs os ;
Qu'il en soit ainsi pour César. Le noble Brutus
Vous a dit que César était ambitieux.
Si cela est vrai, la faute était cruelle,
Et cruellement César en a payé le prix.
Ici, avec la permission de Brutus et des autres,
Car Brutus est un homme honorable,
Comme ils le sont tous, tous des hommes honorables,
Je viens parler des funérailles de César.
Il fut mon ami, fidèle et juste envers moi ;
Mais Brutus dit qu'il fut ambitieux,
Et Brutus est un homme honorable.
Il ramena bien des captifs chez nous à Rome,
Dont les rançons remplirent les coffres publics ;
Était-ce là chez César preuve d'ambition ?
Quand les pauvres pleuraient, César versait des larmes :
L'ambition devrait être d'une plus rude étoffe,
Pourtant Brutus dit qu'il fut ambitieux,
Et Brutus est un homme honorable.
Tous vous m'avez vu, le jour des lupercales,
Trois fois lui présenter la couronne royale,
Qu'il refusa trois fois. Était-ce de l'ambition ?
Pourtant Brutus dit qu'il fut ambitieux,
Et pour sûr c'est un homme honorable.
Je ne parle pas pour contredire Brutus,
Mais je suis ici pour dire ce que je sais.
Vous l'aimiez tous jadis, non sans cause,
Quelle cause alors vous empêche de le pleurer ?
Ô jugement, tu t'es réfugié chez les bêtes brutes,
Et les hommes ont perdu leur raison ! Excusez-moi,
Mon cœur est là dans le cercueil, avec César,
Et je dois me taire jusqu'à ce qu'il me revienne.
[…]
Hier encore, un mot de César pouvait
Défier le monde. Maintenant il gît là,
Et même le plus pauvre lui refuse le respect.
Ô mes amis, s'il me prenait l'envie d'exciter
Vos cœurs et vos esprits à la rébellion et à la rage,
Je ferais offense à Brutus, et offense à Cassius,
Qui, vous le savez tous, sont des hommes honorables.
Je ne veux pas leur faire offense. J'aime mieux choisir
De faire offense aux morts, offense à moi et à vous,
Plutôt que de faire offense à des hommes si honorables.
Mais voici un parchemin, avec le sceau de César,
Je l'ai trouvé dans son bureau, ce sont ses volontés :
Il suffirait que le peuple entende ce testament,
Que, pardonnez-moi, je ne prétends pas lire,
Et tous courraient baiser les plaies de César mort,
Et tremper leurs mouchoirs dans son sang sacré,
Oui, mendier en souvenir un seul de ses cheveux,
Pour, en mourant, l'inscrire dans leurs volontés,
Et le transmettre comme un riche héritage
À leur postérité.
[…]
Soyez patients, doux amis, je ne dois pas les lire.
Il n'est pas bon que vous sachiez combien César vous aimait :
Vous n'êtes pas de bois, vous n'êtes pas de pierre, mais des hommes,
Et quel homme, entendant les volontés de César,
Ne s'enflammerait pas, ne deviendrait pas fou ?
Mieux vaut que vous ignoriez être ses héritiers,
Car si vous le saviez, oh ! que n'adviendrait-il pas ?

Acte III, Scène 2.
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