Citations de Wolf Haas (36)
Et Regens n'était pas plus loquace. Brenner avait l'impression de parler au mur. Le mur, au moins, disait quelque chose, même si ce n'était encore et toujours que "Silentium !". (p. 20)
Souvent, quand on sonne, les hommes ne se dérangent pas eux-mêmes, mais c’est leur épouse qui se dérange. Car il est difficile de s’arracher d’un canapé confortable ou d’interrompre un après-midi sportif. Voilà un principe universel.
Parfois dans la vie, on arrange un peu les choses à sa façon. Car les petits mensonges sont plus faciles à supporter que la vérité toute crue. C’est humain. L’ennui, c’est qu’au fil des années on prend la version truquée pour la réalité.
En fait, la vérité n’est jamais simple, voilà encore un principe important. Certains prétendent que la vérité est simple, mais ils disent cela pour mettre les gens dans leur poche. Au fond, la vérité est complexe, ne l’oublie jamais.
Les hormones. La sexualité. Il existe des hormones particulières, c’est la nature qui nous les a données, et en soi, ce n’est pas une mauvaise chose. Une pour les hommes, une pour les femmes.
Celle des hommes, c’est la testostérone, presque un terme technique, mais les infirmiers s’y connaissaient un peu en termes techniques.
Ce sentiment venait d'une inscription lumineuse figurant au-dessus de la tête des trois hommes: "Silentium !"
L'inscription lisible sur le mur du bureau de Regens avait, pendant un bref instant, donné à la scène quelque chose d'irréel.
Mais nous avons scié la branche sur laquelle nous étions assis. Mieux nous travaillions, plus les gens vivaient longtemps. Et moins on nous léguait de biens.
Quand on est depuis un petit moment avec quelqu’un qui déforme les mots, on le comprend de mieux en mieux, et cela va plus vite qu’on ne croit. Et lorsqu’on reste un peu avec lui, on se met soi-même à déformer les mots.
Quand on est odieux, on peut tromper son monde aussi longtemps que l’on veut, mais quand on est odieux, on rit odieusement. Et quand on est stupide, on rit stupidement. Et quand on est timide, on rit timidement. Et quand on est cynique, on rit cyniquement. Et quand on est triste, on rit tristement.
Quand une infirmité frappe des étrangers, on ne se sent pas concerné. Mais lorsqu’elle frappe un pauvre diable de collègue, cela change tout.
On ne règle pas les choses avec la logique. La vie nous met à rude épreuve. Pas moyen d’y échapper.
« Pour un qui meurt, vous en avez trois qui arrivent. C’est comme avec les cafards, on peut les tuer, mais leurs œufs résistent à la bombe atomique. »
C’est comme entre deux états ennemis : l’espionnage mutuel est le meilleur garant de la paix. Chaque camp sait où il en est. Ce n’est pas la vraie paix, c’est une trêve.
Chien qui aboie ne tue pas.
De nos jours, on passe trop facilement au tutoiement, ce n’est pas nécessaire, surtout quand cela concerne ton chef ou ton futur assassin, des gens qui par nature n’ont pas le sens du respect.
Il y a des gens, on n’arrive jamais à savoir s’ils sont vraiment simplets ou s’ils font semblant de l’être.
Quand on voyage pour de vrai, les pays et les gens les plus dissemblables finissent par se ressembler. De même, quand on est dans les sinuosités d’un voyage imaginaire très loin du présent, on finit par faire des associations entre des compatriotes et de vieux amis. On dit souvent que le monde est petit. Mais le monde imaginaire est lui aussi tout petit !
La plupart du temps, on écoute les vieux. Ou on fait semblant. Ce qu’on peut leur dire, ils n’en ont rien à faire. La seule chose qui les intéresse, c’est de débiter leur histoire pour la cent millième fois.
Quand on a mal à la tête, il est fortement contre-indiqué de penser.
Ne pas penser est pire encore : on est seul face au mal de tête, non dilué.
Le langage fait de l’homme un animal social.