La question est formulée au futur « Mon chien me conduira-t-il au Paradis ? » Elle n’est pas au présent : que mon chien me conduise ainsi à un plus grand amour de la création, de mon prochain, de Dieu, cela n’est pas automatique, pas « tout cuit ». « Conduira-t-il ? » : il y a dans ce futur une part d’incertitude, de suspense : cela dépend de beaucoup de monde, de Dieu, des anges, et de vous. Mon chien me conduira si je lui désigne la destination finale de notre route commune. Prenons une image : lors des tremblements de terre, lorsqu’on fait appel aux chiens pour trouver les victimes sous les décombres, ce sont bien eux qui conduisent les hommes vers leurs prochains. Mais cela ne peut se faire que si les hommes (en l’occurrence les pompiers) l’ont demandé aux chiens. C’est seulement s’il s’est auparavant établie une telle relation entre leur maître et le chien que celui-ci peut trouver les victimes. Autrement dit, le chien rend possible la charité des sauveteurs. Il n’y a pas de tâche plus noble que de sauver, d’être un « bon samaritain ». Le chien agit alors comme un démultiplicateur de charité. Dans cette image, c’est bien le chien qui conduit l’homme, mais sous la gouverne de son maître. Il en va ainsi de toute relation juste avec son chien et d’un cœur ouvert à son prochain. La charité ouvre les portes : celles du cœur comme celles du Paradis.
Dans la relation homme-chien, il y a du jeu. J’emploie ce mot « jeu » aux deux sens du terme : celui du ludique et celui d’une marge d’espace (comme lorsque l’on dit qu’entre deux pièces de mécanique, il y a du jeu). Le caractère ludique du chien détermine à mon sens autant la relation du chien à l’homme que sa fidélité. Dans le jeu (ludique) s’exprime la part de jeu (marge mouvante) où les deux acteurs de la relation s’interpellent en continu. Jouons (si je puis dire) sur les mots : que se joue-t-il dans ma relation avec mon chien quand je joue avec lui ? Qu’est-ce qui est en jeu dans le jeu ? Certes, je suis a priori le maître du jeu, mais le jeu nécessite aussi une part de règles admises communément. La relation homme-chien est fondamentalement un jeu où nous devons lui et moi nous considérer dans notre altérité et notre complicité. Le jeu crée un espace commun, un temps commun privilégié, où pour l’un comme pour l’autre, la relation est sujette au jeu (mouvant), au happening, à l’inattendu. Cette relation nous paraît alors comme donnée.
L'univers se déploie en Dieu, qui le remplit tout entier. Il y a donc une mystique dans une feuille, dans un chemin, dans la rosée (...)
Jésus s'est présenté comme "le chemin, la vérité et la vie" (Jean 14,6). Jésus est Dieu qui marche au pas de l'Homme.