Théo ôta de la chemise et du pantalon d’Harry les différents crochets, pinces, tiges métalliques, paquet de fils de soie, corde à piano ou pochette d’aiguilles qui étaient dissimulés dans les ourlets. Toutes les tenues de son frère étaient de véritables arsenaux que lui auraient enviés bien des cambrioleurs. Ainsi l’illusionniste pouvait-il faire face aux situations les plus inattendues. C’était une nécessité depuis le jour où, lors d’un dîner public en faveur d’une société caritative, l’un des donateurs l’avait mis au défi de se libérer de liens, alors qu’il n’était pas préparé. Entravé à sa chaise, le grand Houdini était parvenu à défaire les nœuds de marin, mais il avait retenu la leçon. Depuis, nul ne pouvait le prendre en défaut. Theo soupçonnait son frère d’être aussi équipé quand il se trouvait chez lui, au cas où un mauvais plaisant se présenterait à l’improviste. Bess ne l’en avait jamais détrompé.