AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de PatrickCasimir


EDITA BLANCHE

Il se mit à pleuvoir sans autre raison qu'une incontinence de rires qui s'était emparée le vendredi d'avant d'un couple d'amants s'amusant à réinventer l'amour.

Il plut pendant deux jours, puis pendant toute la semaine pour faire bonne mesure. Le temps ne paraissant pas disposé à éclaircir les choses, je fis un saut par dessus l'almanach et retombai loin en arrière, à l'époque où.
La première chose que j'entendis ce fut un hurlement prolongé : ainsi criait Edita Blanche, quand ses orgasmes violents lézardaient les nuits de chaleur.

En ce temps-là, elle vivait avec John Smart, un baryton jamaïcain d'une telle profondeur de voix qu'il fallait plusieurs bathyscaphes pour espérer descendre là où il allait. Cet homme sans moustache était pourtant doté d'un organe puissant : il faisait trembler les miroirs. Il avait traversé la mer et était venu s'installer ici. Ses goûts étaient simples ; il n'aimait que la soupe de pied de veau à cause de la gélatine qui s'en dégageait. "C'est elle qui donne du bronze à ma voix", disait-il.

Il y avait trois mois à peine qu'il avait débarqué, quand Edita Blanche le rencontra ; c'était un jour de mauvais temps, mais elle l'avait trouvé si beau, que le soleil avait aussitôt provoqué une éclaircie par où, elle avait glissé dans l'amour.

Lorsqu'elle l'entendit chanter pour la première fois, elle était revenu chez elle, avait pris ses bijoux et les objets auxquels elle tenait, puis avait abandonné tout le reste à son mari, y compris un vieux perroquet qui s'essoufflait à répéter des gros mots.

Elle installa son coeur et son corps chez John, tomba dans l'exaltation la plus extrême. Jusqu'ici, elle avait passé pour discrète. On la savait silencieuse et voilà que, brusquement, elle se mis à troubler, par ses cris, le sommeil des voisins.

Certains soirs, elle criait si fort que la nuit prenait peur. dans tout le quartier, ses cris poussaient des piquants dans la tête des adolescents et des hommes. Nous avions beau nous boucher les oreilles, nous les entendions jusque dans la galerie de nos os.

Moi, je mettais beaucoup de temps à retrouver le sommeil. Le plus souvent, j'entrais dans un paysage de lianes obscures que j'écartais pour épier les gestes d'Edita. Je la voyais s'avancer nus jusqu'au pied de mon lit, son sexe tiédi de poivre.

Je la mangeais des yeux, mais tellement troublé que je n'arrivais pas à donner le branle à mon désir. Je me suis mis à rêver d'elle toutes les nuits, même celles où elle ne criait pas. J'ai tellement rêvé d'elle que je suis tombé malade. On m'a hospitalisé le 23 janvier...
Commenter  J’apprécie          00









{* *}