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Citation de dbhm10


Revirements s’écrit dans le temps d’être encore en vie, le temps de ne pas mourir encore, l’écriture d’Hélène Cixous n’a jamais cessé d’être une course contre la mort, course de vitesse folle dans la mort et contre elle, pour s’en sortir en s’y confrontant sans cesse, « la voix entrecoupée par l’effort de courir devant la mort », courant dans l’espoir que la course s’arrête un peu, le temps d’écrire encore. L’ultime est son espace, c’est à cette extrémité, dans ce rétrécissement de l’espoir, que l’écriture s’éploie, c’est de ne presque plus pouvoir qu’elle peut encore. Le livre ne s’écrit que dans l’espoir de s’approcher sans cesse du livre qu’elle n’écrit pas, sa matière même est celle de l’espoir, « modifiée par le temps, par la multiplication des tentatives ». On pourrait le dire autrement : il n’y a pas d’espoir hors de l’écriture du livre, pas de résolution, nulle eschatologie heureuse, on n’en sort pas, nul dévoilement auto-fictionnel, on ne saura pas le fin mot de l’histoire. Le secret reste entier. L’indéchiffrable est donné à lire, l’illisible est déchiffrable. Il y a bien un crime, c’est toujours une histoire de famille et donc de cadavre caché, mais le drame ne se joue pas ailleurs que dans l’écriture même, dans la reprise incessante d’une écriture qui ne veut pas céder sur elle-même car elle sent bien que s’il y a crime, c’est à même le langage que la question doit être posée : « On ne peut pas vivre, ce qui s’appelle “vivre”, respirer, émettre des paroles, avec un mort étranglé dans la gorge. Il faut le libérer. »
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