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4.29/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1962
Biographie :

Xavier Person est écrivain et critique littéraire.

Il a longtemps publié des chroniques littéraires pour la revue de littérature contemporaine "Le Matricule des anges". Il a été critique aux "Mardis littéraires", puis à "l’Atelier littéraire" sur France Culture avec Pascale Casanova.

De 2005 à 2013, il a été membre du comité de rédaction de la revue CCP, cahier critique de poésie du centre international de Poésie de Marseille.

2023 "L'alligator albinos"
2018 "Derrière le Cirque d'hiver"
2014 "Une limonade pour Kafka"
2009 "Extravague"
2007 "Propositions d’activités"

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Ne se croyant vue de personne, elle tient une joue inclinée contre sa main ouverte. Ses paupières sont closes, sans crispation, son visage apaisé, plongé dans une quiétude un peu songeuse. Il aurait pu se faire que personne ne la voie dans le wagon du métro mais je la regarde, sans tenter d'imaginer à quoi songe cette jeune fille dont j'ignore tout. J'ai surpris cet instant où elle s'est retirée en elle-même. Peut-être est-ce cela qui me retient, le retrait à quoi un visage s'abandonne, qu'elle s'autorise malgré la foule, dans un léger écart. Elle s'en remet à son repli avec une certaine grâce, comme si cela allait de soi qu'elle ne soit pas vraiment là, qu'elle soit là sans y être.
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Comment dire à son père ce qu’elle voulait tant lui confier ? C’est seulement sur la fin d’une promenade en forêt, il y a quelques années, à deux doigts d’y renoncer, que Marie osa lui faire un aveu. Une décision, espérait-elle, allait changer sa vie. Sans doute en raison de l’émotion qu’ils avaient ressentie l’un et l’autre, ils n’entendirent pas arriver la voiture qui soudain heurta son père avec une violence telle qu’il fut projeté en l’air, avant de retomber mort sur la chaussée. Sous le choc, plutôt que de se laisser prendre en charge par les secours, la jeune femme continua à marcher.
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Il fait froid ce soir-là, la nuit qui tombe est assombrie par les épais nuages accumulés au-desus des toits. On dirait qu'il va pleuvoir, on s'attend à une pluie froide, à plus d'obscurité. De toute la journée je n'ai rien pu dire ou presque, prisonnier du mutisme où malgré moi je me tiens encore parfois, dans un malaise trop insistant pour que parler soit possible. Au carrefour de la rue Rambuteau et de la rue Saint-Denis, un jeune homme s'essaie à faire tourner un bon et fin bâton enflammé aux deux extrémités. Il va de plus en plus vite malgré sa maladresse. Son mouvement est fragile, qui peu à peu s'affirme. Ce feu pourrait donner sens à mon trouble, c'est à peine une intuition, je ne saurais en dire plus, mais cela ne brûle pas pour rien, ma tristesse pour un peu en serait éclairée. Que tourbillonne un mince flamboiement dans la nuit n'est pas insignifiante, le pressentiment m'en vient, sans pour autant rien pouvoir en dire à mon fils et à sa mère, le temps qu'il nous faut pour traverser le Mais, et arriver jusqu'à chez nous, derrière le Cirque d'hiver.
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Cela, pendant qu'elle me parle, fait écho à ce que Louisa vient de me raconter de la rencontre de son père avec la jeune femme qui allait devenir sa mère. Ayant par le plus troublant des hasards reconnu dans la rue celle dont, quelques années plus tôt, un ami lui avait montré la photographie en lui annonçant ses fiançailles avec elle, il l'avait abordée sous le prétexte de cette coïncidence. Son émotion était sincère, et il trouva les mots pour la convaincre de ne pas injurier la chance qui avait fait se croiser leurs chemins.
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J’allais relire L’Homme aux loups de Freud quand je trou-
vai dans mes courriels un texte d’Achille Mbembe. Une
amie me l’avait fait suivre. Quelque chose d’extrêmement
grave est de nouveau en train de se passer au cœur de l’Eu-
rope, commençait-il. Des millions de personnes ont dû
fuir leur pays après la destruction de leurs maisons, de leurs
villes. Leur vie est devenue indésirable. Certains espaces, les
nôtres, nous les décrétons pour eux infranchissables. Nous
leur menons la guerre tout en continuant à ne pas les voir.
Leurs possibilités de survie ont été anéanties par les effets
des munitions à uranium et d’armes interdites, comme le
phosphore blanc, par le bombardement à haute altitude,
par le cocktail de produits chimiques cancérigènes et radio-
actifs enfouis dans le sol, par la poussière toxique et les feux
d’hydrocarbure. Des bombes émettent des faisceaux d’éner-
gie semblables à la foudre. Leurs ondes augmentent la tem-
pérature des corps et les brûlent. Des murs de feu s’élèvent,
qui suppriment toute vie. Des fantômes franchissant nos
frontières, la traque ressemble aux chasses à courre d’hier,
au rabattage d’animaux, à leur encerclement par les chiens.
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Revirements s’écrit dans le temps d’être encore en vie, le temps de ne pas mourir encore, l’écriture d’Hélène Cixous n’a jamais cessé d’être une course contre la mort, course de vitesse folle dans la mort et contre elle, pour s’en sortir en s’y confrontant sans cesse, « la voix entrecoupée par l’effort de courir devant la mort », courant dans l’espoir que la course s’arrête un peu, le temps d’écrire encore. L’ultime est son espace, c’est à cette extrémité, dans ce rétrécissement de l’espoir, que l’écriture s’éploie, c’est de ne presque plus pouvoir qu’elle peut encore. Le livre ne s’écrit que dans l’espoir de s’approcher sans cesse du livre qu’elle n’écrit pas, sa matière même est celle de l’espoir, « modifiée par le temps, par la multiplication des tentatives ». On pourrait le dire autrement : il n’y a pas d’espoir hors de l’écriture du livre, pas de résolution, nulle eschatologie heureuse, on n’en sort pas, nul dévoilement auto-fictionnel, on ne saura pas le fin mot de l’histoire. Le secret reste entier. L’indéchiffrable est donné à lire, l’illisible est déchiffrable. Il y a bien un crime, c’est toujours une histoire de famille et donc de cadavre caché, mais le drame ne se joue pas ailleurs que dans l’écriture même, dans la reprise incessante d’une écriture qui ne veut pas céder sur elle-même car elle sent bien que s’il y a crime, c’est à même le langage que la question doit être posée : « On ne peut pas vivre, ce qui s’appelle “vivre”, respirer, émettre des paroles, avec un mort étranglé dans la gorge. Il faut le libérer. »
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