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Citation de Chimere


A peine en as-tu franchi le seuil que la maison t'a fait roi. Avec ta tête de prince, tes faux airs de lionceau, ta démarche de gangster, tu avançais, enfant gâté déjà sous nos mains baladeuses et les compliments extatiques des visiteurs.
J'envoyais des photos de ta croissance atomique à ton éleveuse à moustache.
Elle répondait entre deux naissances par des smileys hilarants et envisageait d'inscrire Son Altesse à des concours de beauté, ce à quoi ma femme répondait hors de question, elle ne céderait jamais à ces trucs de chattes de salon.
A chaque morceau de terrain que tu envahissais, tu griffais les parcelles de ton territoire et repartais à l'aventure, vers une chambre ou un bout de couloir.
Tu as découvert mon lit et le salon, la penderie des filles, des trucs super intéressants - tes montages et tes forêts - , le tapis de l'entrée et la porte blindée qui s'ouvrait et se refermait au rythme de la famille.
Les six premiers mois, tu n'as jamais cherché à passer en douce la frontière , tu réservais tes fugues pour plus tard. Tu explorais la cuisine et le haut des placards pour affiner ta pratique de l'escalade, l'art furtif de la disparition.
La cuisine, c'était le meilleur des terrains d'entraînement. Tu te cachais dans des coins improbables et tout le monde te cherchait sans trop d'inquiétude, même si, une fois ou deux, on a quand même cru ne plus jamais te revoir.
Je m'épuisais à t'expliquer des principes éducatifs dont tu te foutais.
Ma femme me disait souvent que le jour de ta vraie disparition serait une journée de peine folle, je lui répondais en haussant les épaules : " Contentons-nous déjà d'éduquer ce petit con."
Et ça recommençait.
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