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Citations de Yakup Kadri Karaosmanoglu (10)


La civilisation européenne... C'est l'un des mille et un mensonges inventés par les Européens. Honte à nous d'avoir pris depuis toujours ce mensonge pour un dogme irrévocable. Mensonge ! Mensonge ! Mensonge !... L'Europe est un nid de rapaces et on ne s'y rend qu'armés de pied en cap. L'autre jour je l'ai lu dans un journal, le poète italien d'Annunzio déclarait : "l'Italie doit se présenter à la conférence de la paix avec un couteau entre les dents et une lance à la main afin de réclamer son dû." Si un Italien voit les choses de cette façon, un Turc ne pourrait pas s'y présenter, même armé. Il ne peut défendre son droit que derrière ces collines, au milieu de ce désert.
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Or justement, qui d'autre qu'eux en ce moment sait ce qu'il fait dans ce pays ? La seule réalité, c'est la guerre. Ceux qui sont à l'arrière me paraissent, y compris moi-même, d'étranges produits de la nature. Nous sommes rejetés par la vie au pied de ces collines désertes, comme ces détritus qui flottent à la surface de la mer, repoussés par les vagues, jusqu'au jour où ils sont enfin déposés sur un rivage à I'abandon. lci, il n'y a rien d'autre qu'une moisissure inerte, qu'un certain verdoiement de mauvaises herbes, qu'un tremblement fiévreux. Ici, on ne distingue pas le moindre reflet du feu sacré qui embrase d'un bout à l'autre le front de bataille.
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De quoi témoignent ces céréales courtaudes et clairsemées, ces épis à tête courbée, ce saule brumeux, cette eau dormante et silencieuse, tout ce pauvre morceau de nature en somme?
Une âme au milieu de tout cela, n'est-elle pas en fait une graine enfouie? Moi le sous-officier Ahmet Celal, fils de Celal pacha, c'est ainsi que je me suis transformé en graine sur le bord du ruisseau de Porsuk. Pour pouvoir bouturer, pousser mes rameaux et brindilles vers la lumière, et donner des fruits, j'espère, dans cette terre profonde de quelques pieds, la pluie du bon Dieu. Et je ressens dans mon propre corps la douleur de cette terre ou je suis enfoui. Je m'unis à elle sur tous les points.
Moi Ahmet, le fils de Celal pacha, né dans un des pavillons les plus splendides d'Istanbul, c'est ici que j'ai échoué, une aile brisée, après m'être envolé pour des sphères de rêves. C'est désormais un soldat retraité de trente-deux ans, un jeune homme infirme dont tout I'avenir est derrière lui, qui se trouve ici.
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Devant ce paysage, je comprends pourquoi les ancêtres des Turcs ont toujours désiré pousser jusqu'en Thrace.
Le centre de l'Anatolie, le vrai centre de la mère patrie n'est qu'une contrée aride, formée de lacs salés et de terres calcaires. Ici, la nation turque ressemble aux fils d'Israël au milieu du désert. De surcroît, un cercle infernal I'entoure à présent de toutes parts. Toutes ses terres riches et fertiles ont été confisquées. D'où le mot d'ordre de cette guerre :« La mort ou l'indépendance !»
En effet, entre ces deux extrémités, il n'y a plus de milieu. Ou la nation turque se délivrera en brisant ce cercle, ou elle se résignera àà périr ici.
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Pauvre gosse de paysans! Tu es le petit de deux marâtres. L'une est ta mère qui t'a battu tout à l'heure ; l'autre, c'est ta patrie qui te rosse continuellement depuis le jour de ta naissance. Ainsi pris entre les deux, tu te dessèche.
Demain, tu atteindras l'âge de la jeunesse. Mais pourtant alors...
Tous les soldats que j'ai vus pendant la guerre défilent encore une fois devant mes yeux. Je les vois d'abord nu-pieds, dans leurs pantalons bouffants déchirés et leurs chemises rouges, et puis vêtus de leurs habits kaki, je les vois s'effondrer tantôt sur le dos, tantôt sur le flanc, et mourir.
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Certaines passions nous enlèvent au point de faire de nous des héros ; d'autres au contraire nous précipitent jusqu'au tréfonds de la plus dégradante bestialité.
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Notre religion ne connait pas la confession.
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La civilisation occidentale y a déversé tous ses rebuts. Un homme dont la conscience n'est pas encore complètement étouffée ne peut plus y respirer. Avec ses bottes maculées de boue, l'ennemi a pénétré dans nos demeures, il s'est glissé jusque dans nos lits, il nous a pris sous nos yeux nos femmes, nos maitresses, nos sœurs encore vierges, il a éveillé la convoitise malsaine de la femme pour la femme, de l'homme pour l'homme, et ajouté aux tourments dont est faite le vie le poison des voluptés anormales. Vous résistez encore. Vos rues seules sont témoins de leurs dérèglements. Vos maisons tiennent toujours comme des forteresses assiégées. De notre côté, hélas, elles sont toutes tombées les unes après les autres.
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Bouffonnerie et tragédie, ces deux antithèses ne contenaient-elles pas définitive toute l'humanité ? Et cette maison en liesse dont le maitre se mourait n'en apparaissait-elle pas comme le déconcertant symbole?
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Dans une incessante évolution où notre âme poursuit à notre insu sa formation, toujours plus complète mais toujours inachevée, il arrive qu'en l'espace d'un moment, parfois sous l'influence de certaines émotions, nous embrassions par elle toute notre vie déjà passée, en en percevant tout à coup le sens qui nous avait jusqu'à là échappé. Il ne restait rien en lui des révoltes et des indignations de toute à l'heure. Il se sentait au contraire envahi par cette philosophie sereine et détachée à laquelle se résigne l'homme qui a goûté à toutes les joies et qui a connu tous les maux. Ce n'était plus de la douleur ni de la souffrance qui montaient en lui. Ce milieu qu'il avait ressenti avec ses nerfs ne lui apparaissait plus à présent que comme un phénomène d'ordre sociologique.
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