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Citation de Charybde2


S’étant redressée sur ses coudes pour nous dévisager tour à tour de ses yeux fous, toujours à demi fermés, elle lança tout à coup de sa voix enfantine un juron à rallonge, monstrueux et résolument obscène qui nous fit aussitôt réagir : « Chut, les enfants, voyons », mais nous gloussions déjà avant même qu’elle achève sa pensée :
– Non mais regardez-nous : des Moscovites, des belles femmes, qui ont pêché une truite. Regardez-nous, bon sang.
Alors docilement, nous regardâmes.
Il n’y avait rien de nouveau dans ce que nous voyions – des femmes emmitouflées jusqu’à la taille dans des foulards en laine, effilochés et sales, chaussées de bottes rigides, grossières – d’autant qu’il ne s’agissait pas de nos chaussures ou de nos habits -, nos visages et nos mains étaient tannés, gris, étrangers – ce n’était absolument pas nous, pas nous depuis longtemps, et en même temps, nous étions vivantes. Et nous venions de pêcher un poisson énorme, bien gras, un poisson de printemps, nous l’avions pêché nous-mêmes, sans aide ni supervision condescendante.
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