Ce roman français a été publié pour la première fois en 1945 et réédité en 2017 par L'Arbre vengeur dans sa collection Inconnues dédiée aux auteurs oubliées. Yanette Delétang-Tardif, poétesse française, a écrit un seul et unique roman, Les séquestrés, et plusieurs recueil de poèmes.
Les séquestrés nous rapporte le quotidien de Gilbert, aux prises avec les émotions que lui suscitent les lettres d'une femme qu'il n'a jamais rencontrée. Elle se prénomme Barbara et lui écrit d'un lieu entouré de miroirs dont elle ne peut pas s'échapper. Elle ne donne pas d'adresse, et n'attend aucune réponse à ses lettres. Elle fascine et représente aux yeux de Gilbert - et du lecteur - la femme idéale par excellence, une chimère au nom de laquelle Gilbert se détourne de Fanny, sa compagne dans la vie réelle.
En guise de non-réponse à son épistolière, Gilbert note ses pensées dans un carnet que Yanette Delétang-Tardif nous donne à lire. Entre lettres et écrits intimes, les aphorismes s'enchainent et le lecteur est entrainé dans l'esprit d'un Gilbert qui se déconnecte progressivement de son environnement pour s'immerger totalement dans l'idée fantasmée qu'il se fait de Barbara...
Yanette Delétang-Tardif réussit à recréer une ambiance tout en non-dit qui laisse une large place à l'imagination du lecteur troublé à l'instar du narrateur. Il plane sur Les séquestrés une sorte de malaise mêlé d'une certaine fascination.
Yanette Delétang-Tardif témoigne ici d'une prouesse littéraire remarquable frisant avec le chef-d'oeuvre.
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Au Furet du Nord on peut trouver directement épinglé sur les livres, les avis des vendeurs. En lisant celle de Florian qui a qualifié ce roman de chef-d'œuvre, je n'ai pu résister à l'acheter.
Je ne serais pas aussi dithyrambique sur l'unique roman écrit par la poétesse au prénom et nom tout à fait particulier, car il m'aura manqué une intrigue plus forte. Je reste également assez mitigée sur l'écriture que j'ai trouvé à la fois merveilleuse et emportée mais aussi ampoulée et presque clivante. Le texte, court, à peine 140 pages, raconte l'histoire de Gilbert, un écrivain qui, un jour reçoit des lettres d'une inconnue prénommée Barbara. Celle-ci lui explique qu'elle est retenue prisonnière par un homme qui a commis un crime pour elle. Cependant Barbara n'attend pas de réponse à ses missives ne donnant que très peu d'informations de l'endroit où elle se trouve. Son geôlier lui a autorisé à 1 lettre par semaine à la personne de son choix. Fanny, la compagne de Gilbert, fraîche, d'une naïveté un peu sotte, commence à aller mal et constate les errements de Gilbert.
Gilbert, lâche sous le poids de son obsession se demande si Fanny n'aurait pas créé Barbara de toute pièce.
"Tout ce qui es possible est imaginable" voilà ce qu'écrit Barbara un jour à Gilbert. Donc est-ce Fanny, Gilbert lui-même qui sont à l'origine de ces lettres ? Barbara, sensuelle, désirable, séquestrée existe t-elle vraiment ?
Presque un conte à la Edgar Allan Poe que cet étrange, bien étrange roman.
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