Elle n’était ni mon amante ni mon amie, après tout. Pas un câlin, pas un baiser ne scellait notre sympathie réciproque, pas une ambiguïté. Elle était juste « ma sœur » et nos atomes se reconnaissaient dans la foule, fuyant les mêmes démons ou les poursuivant : elle, sur ces voiliers que j’aime tant, mon premier job, moi de par les mots qui vont plus loin que loin, comme les voiliers, et comme eux peuvent sombrer. À cela venait s’ajouter l’émotion, notre carburant spirituel, notre déraison vitale, un don qui faisait de nous les proies désignées du hasard, à la fois les plus forts et les moins armés pour subir la quotidienneté du réel, ce train-train effréné des gestes et du sentiment, ce bonheur clé en main.