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Citation de Osmanthe


Les poussins, hein. Aah, c'est vrai, les poussins.
Puisqu'il s'agissait de la deuxième fois, il leur avait suffi d'un bref échange de regards de confirmation. La petite fille, agrippée à la rambarde, paraissait ne pas vouloir gaspiller le moindre clignement de paupière. Dans le paysage, seul le chargement de ce camion était extraordinaire. Les duvets baignés de lumière étaient un champ de fleurs, les gazouillis s'élevaient dans un choeur d'allégresse.
Mais l'homme le savait. Que les poussins colorés ne pouvaient pas vivre longtemps. Au milieu de la foule des jours de fête, dans la lumière des lampes halogènes, ils étaient poussés sans ménagement dans des boîtes exiguës. On les prenait brutalement par le cou, on tirait sur leurs pattes. Ceux qui les avaient achetés s'en lassaient aussitôt, les couleurs de leur duvet finissaient par s'estomper, ils dépérissaient, couverts de fientes. Ou ils étaient mangés par le chat. Ceux qui n'avaient pas été vendus gisaient asphyxiés dans un coin de la boîte.
A ce moment-là pour la première fois, l'homme pensa qu'il était heureux que la petite fille ne parlât pas. Si elle lui avait demandé où allaient les poussins, il aurait sans doute été embarrassé pour lui répondre. Ne sachant pas s'il fallait lui dire la vérité ou lui mentir, il en aurait certainement été troublé.
Mais puisqu'ils ne parlaient pas, dans les pupilles noires de la fillette, les poussins pouvaient aller n'importe où. Au paradis où menait l'arc-en-ciel, faisant battre leurs ailes aux jolies couleurs, ils vivaient éternellement heureux.

Extrait de "Le camion de poussins"
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