C'était il y a un an. La porte a claqué violemment. Toi d'un côté, moi de l'autre. D'un coup sans prévenir. Pas de poignée, pas de serrure, de clé. Rien que tes mains, mon enfant, tes mains vissées sur cette porte gigantesque comme un tsunami, qui cherchent sans le trouver un passage à défoncer, qui me secouent et me disent : "C'est pas possible !?" Je ne te réponds pas. (p. 6)
Du fracas de ce mutisme allait naître un voyage. Terrible. Le plus beau, pourtant, que nous ayons fait ensemble. Un voyage que notre société, si prompte à occulter ses défunts, nous décourage de tenter. Dommage. Car la traversée resserre les mailles du grand tissu humain. Ces mailles tissées avec la soie des vivants et entre lesquelles, nous, les morts, continuons de respirer. (p. 6)