J'ai achevé la lecture de ce roman aux forceps. L'écriture et la langue sont travaillées. J'ai aimé les protagonistes sauf Moïse Chant d'Amour, le cadre du vieil entrepôt, la vie en communauté. La musique est à l'honneur grâce à la formation d'une chorale.
Cela manque de péripétie. Je regrette les digressions et le procédé d'interpellation du lecteur. Ce procédé réduit la liberté du lecteur.
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Un projet fou !
C'est ce dans quoi Saturnin est entraîné par son acolyte extravagant, Moïse Chant d'Amour. Ce dernier a pour ambition de donner jour à un parc d'attractions autour du thème de la musique classique. Il a d'ailleurs déjà choisi le lieu où il implanterait son "anti-Disneyland" : dans un vieil entrepôt de banlieue parisienne. Mais ce terrain à l'abandon fait partie d'un vaste projet de réhabilitation mené par la mairie. Pour ne pas voir le rêve de son ami tomber à l'eau, Saturnin propose d'organiser un squat au Vieil Entrepôt, pour empêcher que la ville ne commence ses travaux. S'ensuit alors la formation d'un petit groupe de squatteurs aux origines des plus éclectiques et aux destins tous plus farfelus les uns que les autres. Cette joyeuse équipe choisit de monter une chorale et rêve de se produire un jour sur scène. Mais chanter des airs de Bach et des morceaux d'Yves Montand n'est en fait que le début d'une longue série d'abracadabrantes aventures qui les attend...
C'est en effet le principal point positif de ce roman d'Yves Gourvil : les aventures rocambolesques des personnages. Elle pousse le narrateur - Saturnin - à quitter son quotidien routinier de bouquiniste. Au lecteur de le suivre dans ce monde presque onirique, où chaque personnage est doté d'un charmant patronyme. Ainsi, à Moïse Chant d'Amour et Saturnin viennent s'ajouter Grand Magistral, alias Glouton Joli, Fieffé Parleur, Sapajou-Ouistiti, les Apatrides, les Deux et bien d'autres... Même le lecteur se retrouve apostrophé, tout au long du récit, à coup de "ami lecteur".
Si ce groupe de squatteurs semble être un patchwork, il est le digne reflet du livre dans son entier. Au récit principal qui constitue le roman, viennent s'ajouter des digressions - elles consistent en l'échange d'insultes et de vulgarités bien senties entre Kundry, la bien aimée de Moïse Chant d'Amour, et la Vierge Marie - ainsi que des morceaux de musique variés. Au début de l'ouvrage se trouve un lien Deezer qui mène à une playlist, où l'on retrouve toutes les musiques croisées au fil du récit. Leur écoute au fur et à mesure de la lecture donne une nouvelle teneur à l'histoire et la rend vivante. On imagine plus aisément les personnages chanter et les instruments jouer, on se retrouve dans ce squat, au milieu de cette ambiance festive et conviviale.
De plus, le contraste fort entre les passages narratifs et les dialogues est cocasse : l'auteur jongle perpétuellement entre langage élégant et grossièreté crue, sans aucune forme de transition !
À ce style très travaillé s'ajoutent aussi de multiples références, musicales bien sûr, mais aussi littéraires et, plus souvent, cinématographiques : Moïse Chant d'Amour devient John Wayne tandis que Grand Magistral se meut en Buster Keaton. Yves Gourvil est un auteur que l'on sent très cultivé et ravi de nous faire partager tout son savoir.
Enfin, les dernières pages du récit se closent avec un retournement incroyable qui ne nous fait pas regretter d'être allé au bout de ces 406 pages, malgré quelques longueurs parfois... Je regrette seulement qu'à la fermeture de ce livre, quelques questions restent en suspens, habilement esquivées par l'auteur.
Malgré cela, je conseille ce livre, à tous ceux qui seraient à la recherche d'une lecture plaisante et prenante, riche en rebondissements autant qu'en découvertes musicales. En somme, un très bon livre pour l'été.
Bonne lecture !
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Deux potes : le narrateur, flegmatique et observateur au possible et son énigmatique acolyte déboule sur la scène gadouilleuse où commence notre histoire. La scène dis-je, le "Veil Entrepôt" dit-il, sera l'endroit idéal pour donner réalité au rêve aussi obsessionnel que fou de l'acolyte qui est de construire un parc d'attractions dédié à la musique classique, ce, grâce à un futur et providentiel héritage familial. Dans une langue imagée, foisonnante, et savoureuse l'on suit alors les tribulations du duo qui devient trio pour se voir transformer en équipée fantastique formée d'une foule de personnages admirablement construits et attachants. de tribulations tonitruantes en aventures tragi-comiques, le "Requiem" s'achève de manière fort inattendu entre sourires et tristes moues. L'omniprésence des personnages et la richesse du vocabulaire font de cette lecture un vrai moment de plaisir pour lequel j'ai juste envie d'écrire ici :" Hey, merci Yves!"
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La farce truculente et tragique d’un terrain vague en radeau de la bienveillance.
Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/08/17/note-de-lecture-bis-requiem-des-aberrations-yves-gourvil/
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