Yves-Marie Allain

Un bel ouvrage très documenté et pointu, qui trace une rétrospective détaillée de l'histoire des serres depuis le XVIIe siècle, avec force détails et schémas architecturaux. Il s'adresse à mon sens à tous les jardiniers et horticulteurs passionnés, et ceux qui veulent connaître avec précision l'aboutissement d'années et d'années de recherches, essais, ainsi que d' échanges entre divers pays (de graines, de techniques, etc.) pour arriver à la maîtrise de la culture des plantes, légumes ou fleurs de tous horizons. Pour cela, il a fallu maîtriser non seulement la chaleur, le soleil, mais aussi le froid et l'eau, ainsi que les matériaux des constructions.

De nos jours, les serres s'intègrent également dans des lieux touristiques, à l'instar d'aéroports, centres de loisirs aquatiques ou autres, pour notre plus grand plaisir.

On n'oubliera pas que, de toute façon, l'adaptation d'une plante exotique dans une nouvelle contrée nécessite plusieurs générations.



S'il manque des photos concernant les orangeries et jardins d'hiver qui ont été détruits, les schémas détaillés pallient cette absence. Par contre, j'aurais aimé plus de photos de serres actuelles, afin de rêver un peu plus ! Je me suis heurtée à trop de technicité, mais c'est probablement l'objectif de l'auteur d'être très spécialisé.



La magnifique couverture avait orienté mon choix, aussi je remercie les éditions Quæ ainsi que Babelio pour cette opération Masse critique.

Si je n’ai pas signalé la préface de Alain Baraton dans la présentation du livre, c’est tout simplement pour ne pas induire en erreur le lecteur amateur des interventions radio et TV de ce grand jardinier. En effet, sa préface ne fait qu’une page.



Mais ce livre n’a pas besoin de cet appât pour vous attirer. Il est très bien fait et passionnant. Toutefois, jardiniers amateurs ne vous y trompez. Ce n’est pas un livre de jardinage. Vous n’apprendrez rien sur la meilleure méthode pour se débarrasser des nuisibles ou faire mûrir vos tomates. Pas plus que sur la meilleure organisation d’un jardin potager ou d’agrément.



Il s’agit d’un livre d’histoire. Mais d’histoire du jardin. Vous découvrirez donc comment ce petit lopin de terre a évoluer aux fils des siècles. Bien sûr, on sait peu de choses des jardins de l’antiquité. Sauf pour de très rares jardins d’apparat. Pas beaucoup plus sur ceux du Moyen-âge. La renaissance a été plus riche en ouvrages sur le jardin et le jardinage. La révolution industrielle a encore rebattu les cartes, proposant une nouvelle organisation et un nouvel usage. Et en ce début de XXIe siècle ? Chacun fait ce qu’il lui plait.



En bref : Je vais me répéter : ce livre est passionnant, richement illustré et est incontournable pour tous les amateurs de jardins. À lire, donc.
Lien : http://sciences.gloubik.info..

Dans la même veine que "l'almanach des oiseaux", cet album est agréable à feuilleter. Les articles se lisent tout seul. L’œil attentif y dénichera une foule d'informations aussi précises et passionnantes que l'origine de l'appellation "renard", les capacités de régénération des salamandres, pourquoi il faut gratter le ventre des lézards verts, ou l'autre sens du mot "bouquin".



Une attention particulière a été portée au vocabulaire. Harengère, répugnatoire, nidicole, nidifuge, entomophage, luciférine titillent le lecteur curieux.



Le fil des saisons nous remet en mémoire des images, des sons, des observations éparses, qui s'organisent comme autant de repères permettant de suivre le rythme de l'année autrement qu'à travers les rites sociaux et le temps qu'il fait.

Je m’attendais à un ouvrage de vulgarisation mais il n’en est rien. L’essor et la réussite des serres sont intimement liés aux découvertes scientifiques et techniques. Yves-Marie Allain aborde donc méthodiquement cette question dans le premier chapitre. On comprend la difficulté extrême des contemporains à obtenir des résultats pour le maintien et la culture sous serre des plantes dites exotiques à partir du XVIIème siècle. Une fois ces axiomes abordés (ensoleillement, température, hygrométrie, assainissement, matériaux), on apprécie pleinement les chapitres suivants et la richesse du sujet. Ce livre est agrémenté de nombreuses photographies, planches botaniques, reproductions de plans ou extraits de livres. J’ai trouvé la question du thermosiphon et l’histoire de son application passionnante. Ce livre plaira aux accros de botanique, aux jardiniers comme aux historiens. Ouvrage de pouvoir et de prestige, la serre exprime encore de nos jours cette représentation dans la mémoire collective. L’auteur soulève d’ailleurs l’intérêt d’une étude à mener sur l’essor des serres dites d’apparat et de présentation dans la France du XIXème siècle que ce soit dans le domaine public ou privé.

L’approvisionnement de la terre et la problématique de « l’effacement des saisons » sont également abordés avec la question des serres dites utilitaires ou de loisirs. On retrouve une dizaine de pages en annexe consacrées aux comptes rendus des voyages en Angleterre et en Belgique de l’architecte du muséum d’histoire naturelle de Paris, Rohault de Fleury.

Je remercie vivement Babelio et les éditions Quae qui m’ont permis de compléter ainsi une lecture précédente sur les jardiniers des voyages d’exploration scientifique.

L’apparition des serres a coïncidé avec la volonté des hommes de conserver hors de leurs chauds climats d’origines, dans des édifices ad hoc, à commencer par les orangeries, des plantes d’agrément ou aux fruits comestibles. Sous l’impulsion des jardiniers, architectes et techniciens ont multiplié les trouvailles d’ingénierie pour y parvenir, en ne cessant d’améliorer le bâti et les systèmes de chauffage, chacun s’inspirant aussi des expérimentations des pays voisins. « Une histoire des serres » s’intéresse de près à cet aspect très technique, ce qui n’est pas étonnant puisque l’ouvrage est paru aux éditions Quæ, qui affichent leur volonté de publier « Des livres au cœur des sciences ». En revanche, faute d’avoir pu feuilleter l’ouvrage puisqu’il s’agissait d’une masse critique, j’avais minimisé la part (conséquente) que ces recherches techniques et leurs résultats, dûment détaillés, occuperaient dans le livre.

L’ouvrage nous décrit ainsi l’évolution des serres, directement liée à celle des progrès technologiques, de leur émergence à nos jours. L’étude est agrémentée d’une belle iconographie, allant des documents d’époque (croquis et dessins d’études, illustrations et tableaux) aux photos.



Sans s’y attarder, « Une histoire des serres » évoque aussi l’aspect social de certaines de leurs implantations : prolongeant les demeures, quand elles ne représentent pas de superbes bâtiments ornant les parcs des châteaux, les serres permettaient en effet aux classes aisées de bénéficier d’un jardin d’hiver propice à l’évasion ou à la tenue de réceptions. Cet usage s’est ensuite démocratisé avec, de nos jours, la multiplication des vérandas.



In fine, l’auteur s’intéresse aux serres actuelles, entre autres à celles qui, loin de créer de la beauté, tant par leur esthétique que par l’agencement des plantes qu’elles abritent, ne visent qu’à intensifier les productions artificielles car hors sol de fruits et légumes, tout en détruisant leur lieu d’implantation.



« Une histoire des serres » est un beau livre qui devrait satisfaire les curieux souhaitant aller au-delà de la simple contemplation de merveilles architecturales, en s’interrogeant sur la genèse et le développement de leurs installations et fonctionnements.