Yvon Coquil, je le connais bien, j’ai déjà lu un certain nombre, pour ne pas dire un nombre certain de ses ouvrages. J’apprécie tout simplement son écriture et les personnages qu’il met en scène que ce soit dans des romans, des novellas ou des nouvelles. C’est encore le cas dans son nouveau recueil de nouvelles joliment intitulé "Vagues".
Dans ce dernier opus, nous retrouvons, comme dans ses précédents ouvrages, sa vie, ses potes, sa Bretagne, son arsenal où il fut charpentier-fer, sa ville de Brest. Plus Breton que lui, tu meurs, plus fidèle aux origines aussi. Et c’est cela que j’aime chez lui, cet amour des autres, dit tout en retenue, cette manière de mettre ses anciens collègues de travail à l’honneur, cette façon de leur dire, mine de rien, qu’il les aime et ne les oublie pas. On le sent fier de leur travail commun, du temps passé avec eux à transpirer dans les cales sèches des bateaux, maniant le chalumeau en faisant fi du mal de dos. Ses personnages sont des gens humbles et travailleurs, issus souvent de familles simples, habitant des quartiers populaires.
Oui, les nouvelles sont plutôt noires, racontant les luttes ouvrières et la vie souvent peu reluisantes de ses acteurs. Pourtant, il y a toujours un fond d’humanité qui permet d’espérer. Bien sûr, je ne vais pas vous les raconter. Elles se dégustent, l’une après l’autre, dans l’ordre ou le désordre. Mais dès la première, "Alfred", le ton est donné. Alfred a fait des études, l’école de police, alors que Dardoup, son copain depuis l’école maternelle s’est perdu " …dans le système de l’école publique laïque et obligatoire pour échouer, disait-on, en apprentissage dans un chantier naval." Il n’empêche, Dardoup, en entrant dans ce commissariat où il retrouve par hasard Alfred, à l’aide de quelques bribes de conversation entendues, va réussir un sacré coup qui, comme souvent chez Yvon Coquil, se révèle en une dernière phrase couperet.
L’auteur a su conserver cette plume que j’aime tant et qu’il trempe à la fois dans le sirop et l’alcool fort. Elle est noire et rose, à la fois baume et toile émeri, sèche, vive, directe, mais emballée dans une sorte de papier de soie qui en fait tout le charme.
"Vagues", un très beau recueil mis en valeur par une superbe couverture signée Gildas Java, dessinateur – forcément – breton.
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