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Critiques de Yvon Coquil (7)
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Dernier rempart

Yvon Coquil est brestois. Ça arrive à plein de gens bien. Christophe Miossec, Paul Bloas, Yann Tiersen en sont. Lui n'est ni chanteur, ni peintre et encore moins musicien. Ancien des Chantiers navals, il écrit depuis quelques années des textes noirs comme les fonds de cales des navires sur lesquels il travaillait.

Le voici donc de retour avec « Dernier rempart ».



Maout est soudeur aux Chantiers navals de Brest, il est séparé de la mère de sa fille, Margot, qu'il aimerait voir plus souvent. Il est un peu paumé mais il ne faudrait pas grand-chose pour le remettre d'aplomb, on aimerait le voir autrement qu'à siphonner des bières et de la vodka ou prendre des cachets pour tenir au boulot. Mais il y a Polvo, un sale type viré de la Marine, une brute méthodique, mauvais par plaisir. Il a mis le grappin sur Maout qui s'y soumet bon gré mal gré.

Tous deux supportent le Stade Brestois, et pour eux, enfin surtout Polvo, la vie est plutôt simple : il y a les supporters brestois et les autres. Les autres ils leur cassent la gueule, c'est binaire mais c'est simple. Pour eux deux, les matchs débutent vraiment au coup de sifflet final. Dès lors, cagoulés et matraques en mains ils cognent furieusement les supporters adverses égarés ou isolés à la sortie des stades.



Quatre-vingts pages écrites comme on cogne, sèchement et efficacement, suffisent à Yvon Coquil pour bâtir l'histoire de Maout dont toute la vie tourne autour de la violence et de la contrainte. Que ce soit dans sa vie privée, au boulot, avec son (faux) pote, il ne décide jamais de rien, toujours sous le joug. Les bastons des matchs de foot sont là comme un défouloir, un exutoire.

La nouvelle, à mi-chemin entre John King et Pascal Garnier, s'envenime sérieusement quand l'abruti de Polvo, tellement sûr de son emprise sur Maout, s'en prend à Margot.
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Liste noire

"Liste noire"… Dans cette novella, comme souvent, Yvon Coquil nous parle de Brest – où il est né et vit toujours – et des CNR (Chantiers Navals de Réparation) où il a travaillé en qualité de charpentier fer. Autrement dit, il sait de quoi il parle, en parle bien et l’écrit magnifiquement.



Liste noire, une suite de noms d’hommes qui vont devoir rendre leur tablier. Restructuration, c’est le mot des patrons, chômage pour les ouvriers, leur hantise. Lucas Dardoup fait partie de ceux qui attendent. Lui, il vit seul depuis qu’il s’est séparé de sa femme, ou qu’elle est partie, sans enfants mais avec un père dont il faut payer l’EHPAD. Il va donc essayer de persuader Marco de prendre sa retraite – il est en âge de le faire – en gros de sauver son poste.



Noire est l’histoire, aussi sombre que la liste, et l’écriture de l’auteur la sert à merveille. A coups de phrases sèches et percutantes, d’un vocabulaire totalement adapté, d’un rythme soutenu, Yvon Coquil nous entraîne à la suite de ses personnages, des prolétaires aux abois, sans laisser au lecteur le temps de respirer.



J’ai craint un moment que l’auteur n’ait changé de parfum. Celui de la rose commençait à embaumer le texte. C’était bien mal le connaître qui d’un mot, d’un seul, retourne la situation et signe une fin magistrale.



MAGISTRAL !


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Vagues

Yvon Coquil, je le connais bien, j’ai déjà lu un certain nombre, pour ne pas dire un nombre certain de ses ouvrages. J’apprécie tout simplement son écriture et les personnages qu’il met en scène que ce soit dans des romans, des novellas ou des nouvelles. C’est encore le cas dans son nouveau recueil de nouvelles joliment intitulé "Vagues".



Dans ce dernier opus, nous retrouvons, comme dans ses précédents ouvrages, sa vie, ses potes, sa Bretagne, son arsenal où il fut charpentier-fer, sa ville de Brest. Plus Breton que lui, tu meurs, plus fidèle aux origines aussi. Et c’est cela que j’aime chez lui, cet amour des autres, dit tout en retenue, cette manière de mettre ses anciens collègues de travail à l’honneur, cette façon de leur dire, mine de rien, qu’il les aime et ne les oublie pas. On le sent fier de leur travail commun, du temps passé avec eux à transpirer dans les cales sèches des bateaux, maniant le chalumeau en faisant fi du mal de dos. Ses personnages sont des gens humbles et travailleurs, issus souvent de familles simples, habitant des quartiers populaires.



Oui, les nouvelles sont plutôt noires, racontant les luttes ouvrières et la vie souvent peu reluisantes de ses acteurs. Pourtant, il y a toujours un fond d’humanité qui permet d’espérer. Bien sûr, je ne vais pas vous les raconter. Elles se dégustent, l’une après l’autre, dans l’ordre ou le désordre. Mais dès la première, "Alfred", le ton est donné. Alfred a fait des études, l’école de police, alors que Dardoup, son copain depuis l’école maternelle s’est perdu " …dans le système de l’école publique laïque et obligatoire pour échouer, disait-on, en apprentissage dans un chantier naval." Il n’empêche, Dardoup, en entrant dans ce commissariat où il retrouve par hasard Alfred, à l’aide de quelques bribes de conversation entendues, va réussir un sacré coup qui, comme souvent chez Yvon Coquil, se révèle en une dernière phrase couperet.



L’auteur a su conserver cette plume que j’aime tant et qu’il trempe à la fois dans le sirop et l’alcool fort. Elle est noire et rose, à la fois baume et toile émeri, sèche, vive, directe, mais emballée dans une sorte de papier de soie qui en fait tout le charme.



"Vagues", un très beau recueil mis en valeur par une superbe couverture signée Gildas Java, dessinateur – forcément – breton.


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Métal amer

Qu’ils s’appellent Ti-Jean, Arsène, Abdel ou Ti-Boud, ils peinent dans une vie de labeur et s’accrochent tout autant à leur existence qu’au rêve d’un monde meilleur. Mais en rade de Brest, même si l’on vit au camping face à la mer, le travail du métal garde souvent un goût amer.



« Métal amer » est un recueil de 11 nouvelles écrites par Yvon Coquil, qui « a travaillé une trentaine d’années sur les chantiers navals à Brest, notamment en tant que charpentier-tôlier ». Ces nouvelles sont toutes traversées d’une même noirceur, écrite au fil d’une plume à l’humour corrosif. Elles ont pour toile de fond Brest, sa rade, ses chantiers navals et racontent des vies de labeur, entre précarité et solidarité de besogneux. La lutte des classes prend forme au fil des pages, les syndicats occupant une place nodale. Derrière cette trame du roman prolétarien, Yvon Coquil tisse également une œuvre noire et policière. Sous des apparences anodines, les divers protagonistes cachent souvent bien des secrets et les chutes des courtes intrigues surprennent le lecteur, le bousculant dans ses certitudes.

Ces nouvelles noires nous entraînent à la confluence des genres et des époques, au cœur de Brest, Yvon Coquil se plaisant à faire revivre la période de l’Arsenal. A découvrir.
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Métal amer

Très heureuse d’avoir pu rencontrer Yvon Coquil au salon du livre de caractère de Quintin. J’avais déjà lu deux de ses romans "Black poher" et "Dernier train pour Ouessant" à une époque où mon blog n’existait pas et j’avais beaucoup aimé. J’ai terminé "Métal amer", son dernier ouvrage, dans le train en direction de la Bretagne.



"Métal amer" est un recueil de onze nouvelles, onze moments de vie, une vie souvent dure, une vie d’ouvrier, de délaissé. Il y est question, beaucoup, de l’arsenal, celui de Brest où l’auteur fut lui-même ouvrier, il y est question de Ti-Jean, Arsène, Abdel, Ti-Boud, des personnages au bord de la rupture, il y est question d’accident du travail, et d’enquête bâclée, de rapport falsifié. Yvon Coquil se sert de ses connaissances du milieu pour dresser des portraits noirs, certes, mais emplis d’humanité.



Il trempe sa plume dans une encre anthracite juste éclairée par un humour souvent grinçant. C’est caustique et tendre, c’est triste et drôle, c’est la vie, celle des plus humbles qui travaillent dur puis se rencontrent au café du coin pour siroter un verre – ou deux, trois, ou plus – d’Anjou rouge avant de rentrer retrouver femmes et enfants. Les femmes, présentes aussi, ont une vie cabossée comme celle de la mère de Ti-Boud qui vend ses charmes au propriétaire d’une Ford porteur [d’] "une chaussure à trois bandes, puis [d’] une cheville équipée d’un bracelet électronique que masquait mal un jogging blanc."



J’aime l’écriture dynamique, sèche, simple. Elle a réussi à m’envelopper, à créer un climat tellement juste que j’avais l’impression d’être dans le paysage et de sentir le poids de la fatigue sur mes épaules. "J’avais passé deux heures dans les soutes d’une frégate en cale de radoub et je puais le gazole à plein nez…. Des caréneurs y faisaient une pause. Leurs visages étaient luisants de vaseline…. Ils avaient l’air harassé…" Et je ne parle pas des chutes de chacune des histoires, étonnantes, surprenantes, qui bousculent et font douter.



Chaque nouvelle est un hommage à ceux qui triment, qui tentent de garder la tête hors de l’eau, mais aussi la traduction d’une vénération pour une ville, Brest, personnage à part entière, Brest et son arsenal, sa rade, son pont de Recouvrance et sa rue "Jean Jau". Ne croyez pas pour autant que "Métal amer" ne s’adresse qu’aux Bretons. Si ceux-ci ont plaisir à la revisiter à travers les mots de l’écrivain, les autres pourront l’apprécier avec tout autant de bonheur, me semble-t-il.

Un ouvrage très réussi de mon point de vue.


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Docks

A Brest, le ballet incessant des dockers anime le port de commerce, au gré des allers et venues des navires qui déchargent et chargent leurs marchandises. Les nuits laissent la place à une autre faune, comme des taggeurs. Cette nuit-là, ils sont interrompus dans leurs œuvres et s’enfuient. Dans leur sillage, ils laissent un hangar en feu ; à l’intérieur, les policiers découvrent le corps d’un notable. Dardoup, enquêteur pour la société d’assurance mutuelle, hérite du dossier. Mais il est refoulé par la police et il sent bien que sa venue dérange. Il va continuer à enquêter, dans l’ombre, faisant jouer son culot et ses relations.



« Docks » est un policier écrit par le brestois Yvon Coquil. Court et sombre, ce polar condense bien des qualités.



Les protagonistes que dépeint l’auteur sont bien campés, chacun dans ses petites ou plus grandes compromissions ; l’auteur ne verse pas dans un manichéisme simpliste mais décrit les personnages à l’encre (plutôt noire) d’une humanité complexe. Derrière ceux-ci se tient le protagoniste majeur, Brest, ville natale d’Yvon Coquil, celle aussi dans laquelle il travaille, sur les chantiers navals. Il la rend dans son essence et sa complexité singulières, à l’image de ses personnages humains. Quand on connaît la ville, on se plaît à en reparcourir les rues, à découvrir de nouveaux passages, des bars emblématiques, le tout sous l’éternel crachin décrit avec un humour qui fait mouche : « Il se remit à pleuvoir. A Brest, c’est d’ailleurs à ça qu’on s’aperçoit que la pluie a cessé un moment. »



L’intrigue reste d’une facture classique : le meurtre d’un notable, beaucoup de compromissions et de dessous de table dans les sphères de pouvoir, un enquêteur pugnace et alcoolique, dont le corps va servir de punching-ball à ceux qu’ils gênent.



L’écriture est réjouissante, tout en humour noir qui enrobe le sombre d’une touche de légèreté. Car ce polar est sombre, d’un noir dense, aussi sombre que les ciels de tempête qui recouvrent Brest çà et là, entre deux éclaircies.



« Docks » est un polar court, sombre et puissant, dont l’intrigue peut vite s’oublier mais qui marque par le climat d’une ville bien rendu, entre ombres et lumières, et un style ciselé, frappé du sceau d’un rire jaune.
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Métal amer

Onze nouvelles noires. Onze brassées de vie ouvrière. Un réalisme rêche teintée d’une piquante dérision. Des récits brut de décoffrage. « L’auteur a travaillé une trentaine d’années sur les chantiers navals à Brest, notamment en tant que charpentier-tôlier. Il n’aime rien tant qu’appeler la fiction pour dire sa vérité. » L’action se situe en partie dans cette « Fin de terre », dans les quartiers populaires et les cales sèches. Dans ces onze récits Yvon Coquil raconte un monde qui fut le sien, une famille avec ses hauts et ses bas, ses fureurs et ses douleurs. Témoin actif des soubresauts, luttes et détresses de cette masse dite ouvrière, il nous conte son quotidien avec cette tendresse fraternelle qui vous remue les tripes.



Les coudes sont sur les comptoirs, les corps sont meurtris par les conditions de travail, la débrouille est de mise, la grève gronde, les humeurs sont mauvaises, le syndicat n’est pas loin, le passé ressurgit. Ils font de la résistance. Même quand tombent les désespérés. Ces parcours sinueux nous les suivons sans apitoiement. Car, Yvon Coquil ne cède pas à la complainte, il les ressuscite ces oubliés des médias écrasés par un systéme aveugle. Désormais, ces anonymes ont des noms, une vie, des amis, des petits chefs tatillons, il faut simplement les voir exister pour comprendre. La vie de ces sans-grades passe à la moulinette de la courte fiction où la chute - importante pour une nouvelle et un peu moins pour les acteurs - est souvent tragique, parfois tragi-comique.



La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2016/12/c-est-la-chute-finale-metal-amer-yvon-coquil.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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