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Citation de Polomarco


Je me souviens d'un rude gaillard, que j'ai connu à Ouessant, où il finissait ses jours. Il avait le poil décoloré, comme certaines algues gélatineuses qu'on voit par transparence dans les trous de roche ; et son regard couleur d'eau semblait tourné vers l'intérieur, par habitude des longues méditations silencieuses. Il me dit les séjours de huit, dix semaines, qu'il fit à maintes reprises, avec un seul compagnon, dans ce phare de la Jument, coupé par les intempéries de toute relation avec la terre. La tempête faisait rage autour d'eux. Quand le vent atteignait son extrême violence, ils sentaient le phare osciller. Maintes fois, ils souffrirent de la faim et de la soif, quand la tourmente se prolongeait plus qu'à l'ordinaire.
Et il arriva qu'une nuit de cauchemar -le vieillard tremble encore quand il en parle- une lame monstrueuse surgie de la mer démontée qui frappait à coups sourds et puissants de bélier, une lame dont la crête enneigée d'écume semblait presque toucher le balcon du phare, l'ébranla si fort en tombant d'une masse sur le fût oscillant, que celui-ci se fendit du sommet à la base. Les gardiens perçurent la fêlure. Et durant trente-six heures que se prolongea la tempête heureusement décroissante, ils guettèrent à chaque minute le coup de mer qui viendrait achever la brisure, jeter bas le lanternon de verre où tous deux veillaient, crispés dans l'horrible attente. Quand on put les relever, et réparer d'urgence le phare qui menaçait ruine, on crut pendant quelques jours qu'ils allaient perdre la raison (L'été - chapitre premier - IV).
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