— Franchement. Tu es dans un ranch bovin et il y a quoi, un taureau pour combien de vaches ? Et parfois, il n’y a même pas de taureau, juste un étranger avec des gants froids et une seringue. Cette vache doit se dire qu’elle n’aura même pas droit à un baiser ou à une tasse de café et c’est quoi ce délire ? Juste bim, bam, boom, et on ferme les portes.
Je m’agrippai au volant.
— Tu veux que j’aie un accident ?
— Je te dégoûte ?
— Non. Je vais juste exploser de rire.
— Vraiment ? Content que tu me l’aies dit. Tu n’as pas changé d’expression depuis qu’on s’est rencontrés.
Je lui lançai un rapide regard en coin.
— Je ris à l’intérieur, pour pouvoir conduire.
— Je vois ça. Je crois que j’ai dû voir un muscle frémir il y a huit kilomètres.
— Je vais devoir y travailler, alors.
Je me penchai et attrapai la veste de Crispin pour le tirer à moi. Nos lèvres se rencontrèrent à la perfection, et sa bouche s’ouvrit sous la mienne. C’était effronté et agréable, de prendre ce que je voulais là, à l’air libre, comme ça. C’était incroyablement juste, mais ça semblait aussi fragile, comme l’une des bulles de savon d’Analise, comme si ça pouvait exploser en une seconde, et tout ce que nous étions à cet instant disparaîtrait
À chaque fois que j’y pensais, et c’est franchement tout le temps, je désirais que Crispin s’approprie mon cœur. Je voulais qu’il me prenne, qu’il me coince sur le lit et me fasse savoir que j’étais sien – que je lui appartenais dans cet instant de douleur et de plaisir comme je n’avais jamais appartenu à personne d’autre
Je me retrouvai à tenter de me rapprocher, à tenter d’intensifier mon contact avec son corps, parce que ce baiser était mon oxygène et que j’avais suffoqué toute ma vie