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Critiques de Éditions de La République (1)
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Le Vietnam depuis 2000 ans

Il s’agit d’un ouvrage collectif sur l’histoire du Vietnam, un panorama annoncé de 2 000 ans. Le compte n’y est pas tout à fait, la majorité des articles traite des événements du XXème siècle.



Un étonnant parallèle peut être fait avec la France. Le Vietnam s’est politiquement construit par une emprise du Nord sur le Sud par le fer et le feu, le Nord montagneux aux paysages karstiques et de rizières oniriques (comme en Chine du Sud) et le Sud du delta du Mékong.



Le Vietnam a longtemps vécu à l’ombre de l’Empire du Milieu, en étant directement un territoire périphérique vassalisé, et influencé dans sa culture. Les palais de Hué, ancienne capitale « impériale » sont des modèles réduits de la Cité interdite de Pékin ; taoisme et confucianisme ont influencé à des degrés divers la société vietnamienne en arrière plan.

Mais c’est effectivement la période 1945-1975 qui constitue l’essentiel de l’ouvrage, un pays ravagé pendant trente ans par des guerres d’une violence inouïe, à une échelle dramatiquement vertigineuse.



« APOCALYPSE NOW »…



Le nombre de tués serait de trois millions du côté vietnamien, de 58 000 pour les Américains et de 112 000 pour les Français. Sinistre comptabilité à laquelle il faudrait fatalement ajouter le martyre de la population civile…

A titre de point de repère, le nombre de victimes vietnamiennes est le double de celui qu’a connu la France en 1914-1918, le conflit le plus meurtrier de son histoire.

Et si cela ne suffisait pas, après 1975, le Vietnam a été engagé sur deux autres guerres, l’une contre le régime des Khmers rouges du Cambodge (1978), l’autre pour faire face à une tentative d’invasion des forces armées de la Chine (1979).



Sans descendre jusqu’au fond de l’horreur khmer rouge, la période post réunification apporta malheureusement son tribut de victimes de masse. Il fallu attendre le changement radical de politique initié en 1986 (« Doi Moi ») pour un début de libéralisation politique et économique de la société. Sans être devenu un autre « petit dragon » comme certains de ses voisins, le pays connaît une vraie vitalité, étant devenu par exemple le second exportateur mondial de riz et de café.



En dépit de cette évolution heureuse, à l’issue de l’état des lieux de cet ouvrage il demeure deux interrogations fondamentales.



La première se situe sur le terrain militaire.

Sans mésestimer le poids de l’hostilité croissante des opinions publiques envers cette « sale guerre », la défaite de l’armée US reste énigmatique. A cet égard, on rappellera que la même armée, réussit à vaincre les forces japonaises, dans des conditions comparables et même désespérées au début. Comment l’armée qui avait survécu à Guadalcanal, surmonté les horreurs extrêmes de Peleliu, eu raison des résistances fanatiques à Saipan, Iwo Jima... avait pu être être mise ainsi en échec ?



La seconde n’a malheureusement rien d’inédit et a trait au tragique, inséparable de l’existence humaine au moins depuis Homère et l’Iliade.

Il apparaît que, tout particulièrement lors de deux séquences, une issue autre que par la violence était sinon assurée tout au moins envisageable.



Premièrement, après les accords de Genève en 1954, la situation était en apparence pacifiée jusqu’en 1959-1960 avec le départ progressif des autorités civiles et militaires françaises. À Hanoï la ligne dure belliciste l’emporta en écartant les plus modérés notamment par l’élimination physique. Ho Chi Minh, « Oncle Ho » et le général Giap, le vainqueur de Dien Bien Phu, furent écartés du pouvoir. (Cette élimination politique d’Ho Chi Minh a fait l’objet du très beau roman « Au zénith » de Duong Thu Huong).

La responsabilité de la reprise de la guerre au début des années 60 peut être principalement attribuée au régime du Vietnam du Nord. Certes, le contexte de la guerre froide n’a pas aidé et les dirigeants de Saïgon n’avaient rien de « colombes », mais initialement il apparaît que les Américains ne se sont pas précipités pour faire parler les armes. L’escalade infernale ne viendrait que plus tard. Il y avait par conséquent un « entre deux » qui laissait de la place à des options politiques, quitte à revoir les textes des accords de Genève.



Deuxièmement, après 1975 et la conquête du Sud par le Nord, le pays était dévasté.

La reconstruction nécessitait de mobiliser toutes les ressources dans l’urgence, autrement dit il eut fallu procéder à une réconciliation. Ce fut tout le contraire, avec des persécutions de masse et une stalinisation de l’économie qui se révéla désastreuse. Hanoï avait gagné la guerre, elle perdit la paix. L’immense capital sympathie, acquis pendant l’affrontement contre les USA, s’évapora avec le sectarisme et les persécutions. Ce fut la sombre période des fuites désespérées, des « boat people ». Un million de Vietnamiens auraient fui, 250 000 péri en Mer de Chine sur ces embarcations de fortune. L’ouvrage mentionne 165 000 personnes qui auraient été exécutées ou disparu à la suite d’emprisonnement. Rien de comparable avec les chiffres effroyables du Cambodge mais cette politique ajouta aux tourments du peuple sans aucune motivation autre que le goût de faire souffrir.



La conclusion qui s’impose est qu’à ces moments charnières où l’histoire était comme en suspens entre lumière et obscurité, la tragédie l’a emporté, par la responsabilité humaine.



Le Vietnam connaît aujourd’hui une existence pacifiée et beaucoup plus discrète ; pour celle ou celui qui par curiosité s’intéresse à l’histoire du Vietnam ce livre, dans les limites évoquées, permet de découvrir ou de compléter facilement ses connaissances. Une chronologie et un petit glossaire sont utilement annexés, une ou deux cartes auraient parfaitement complété l’ensemble
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