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Citation de AuroraeLibri


Je connaissais tous les sentiers de ces montagnes peuplées de légendes capricieuses ou symboliques. Je rencontrais en chemin les êtres surnaturels que la naïve fantaisie d’autrefois faisait glisser sur les fleuves ou passer avec le vent dans les arbres de la forêt, qui se plaisaient à consoler les hommes de leurs peines ou les attiraient doucement à une mort, facile, ou bien emportaient à travers la tempête les cadavres des héros tombés en combattant. Je rencontrais aussi les barons dont les burg sont écroulées, et les minnesaenger errants, et les blondes filles des ballades, qui tiennent à la fois de la femme, de la vierge et de la fée, qui aiment, qu’on aime, dont les corps diaphanes s’évaporent dans les transparences de l’air. le bruit des ouvriers d’Albéric dans leurs forges souterraines a souvent frappé mes oreilles ; le même oiseau que Siegfried sut comprendre m’a révélé la vie de la forêt ; j’ai aperçu dans la tour de Rolandseck le pâle visage du chevalier Toggenburg, les yeux éternellement fixés sur la fenêtre de sa bien-aimée, la recluse de Nonnenswerth. Et les inconnus, les oubliés, les morts obscurs que nul poète n’a chantés, dont nulle légende ne consacre le souvenir, – tous ceux qui ont souffert parmi les splendeurs de cette impassible nature, tous ceux dont les noms ont passé comme mon nom passera, tous ceux dont les cœurs ont été gonflés d’hymnes inexprimés, plus beaux mille fois que ceux des plus grands poètes !…

Chapitre XXXVI
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