Déjà si loin, Agnès s'éloignerait toujours davantage, selon la loi de nature qui sépare de l'arbre les pousses indépendantes. De plus en plus, la jeune femme vivait sa vie personnelle : égoïste, amoureuse, victime ou résignée, elle aurait ses propres curiosités, ses propres désirs ; elle voudrait savoir, connaitre, éprouver; elle croirait qu'avant elle, personne au monde n'avait traversé ses émotions, ses ardeurs, ses joies ou ses désespoirs ; ainsi elle suivrait le chemin que sa mère avait suivi après tant d'autres, le chemin qui conduit, par de brèves délices, aux longs repentirs des lendemains amers : « Non, non, pas ça ! conclut madame Valérien ; moi qui sais, je lui dirai, s'il le faut, toute mon expérience... Je la sauverai!... »
Chapitre IV