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Citation de AuroraeLibri


(...) madame Valérien se sentit emportée par un souffle puissant, venu des plus secrètes profondeurs de son être, — de cet abime que chacun porte en soi, cachée sous l'apparence de son moi passager, comme ces larges crevasses des glaciers dont une couche de neige durcie dissimule les mystères. Son cœur se dilatait: un grand coup d'ailes l'emportait vers des régions où il n'y avait plus place que pour la joie. Ah! s'il savait, ce grand jeune homme grave dont les yeux fixaient encore la toile ! S'il se doutait d'avoir à ses côtés, en cette petite femme entre deux âges, d'élégance un peu provinciale, le modèle, l'inspiratrice, celle dont la tendresse avait exalté si fort au-dessus de lui-même un artiste sage et moyen, avec quelle poignante émotion s'inclinerait-il devant elle ! Mais il ignorait cela, comme il ignorait qu'un mot tombé de ses lèvres réveillait dans cette inconnue le frisson de l'amour frappé dans son vol, tel un aigle à son zénith. Il l'ignorait, il allait partir : jamais il ne saurait que sa parole venait de sonner un impérieux rappel à la vie, de restaurer pour une minute l'orgueil dans une âme dissoute par les regrets, de répercuter le son lointain des heures divines où, sous la caresse du pinceau bien-aimé, un corps adoré et périssable se parait d'immortalité.

Chapitre XII
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