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Citation de AuroraeLibri


Mélanie elle-même, sa fille, n'osait prononcer le nom de l'enfant prodigue dont elle était de cinq ans la cadette. Elle était le vrai portrait de sa mère, celle-là ! Petite aussi, — ce qui faisait dire à son père, avec un bon sourire admiratif : « C'est dans les petites boîtes que sont les meilleurs onguents ». Elle avait les mêmes yeux gris, aimants, fidèles, un petit nez un peu retroussé, une petite bouche comme une cerise mûre à point, les mêmes petites fossettes aux joues, le même teint blanc, d'une blancheur qui bravait le soleil et le grand air et ne se hâlait jamais, les cheveux d'un blond de seigle un peu plus clair, d'une abondance et d'une finesse extraordinaires. L'âme aussi semblait pareille à celle de la morte : c'était une petite âme paisible et tendre, de jolie étoffe, tantôt rieuse et tantôt gaie, capable de souffrir beaucoup sans grande passion, parce que les chocs les plus légers éveillaient en elle des répercussions très profondes; une de ces âmes que la vie ménagerait, s'il était vrai que le vent épargne les brebis délicates et les voiles frêles.
Son père l'aimait de toutes ses forces, sans phrases, sans gestes, sans démonstrations, d'une de ces affections concentrées qui rayonnent en se cachant, dont ceux qui les ont inspirées peuvent seuls deviner la chaleur. Depuis la fuite de Maurice, Mélanie était son unique joie: il pensait à elle, toujours; il ne pouvait être heureux qu'en la sentant près de lui, ou en travaillant pour elle; et la petite le savait bien. D'ailleurs, en dehors d'elle, personne au monde n'aurait mesuré l'intensité de ce sentiment.

Chapitre I
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