« – Qui est encore membre du Comité central ? Où sont les postes d’émissions ? Où sont les imprimeries ?
Parle ! Parle ! Parle !
Maintenant je peux compter les coups plus tranquillement, la seule douleur que je sente, c’est la morsure de mes dents sur mes lèvres.
– Déchaussez-le
C’est vrai, la plante des pieds est encore sensible,
je le sens maintenant. (…)
– Parle ! Parle !
Je passe ma langue sur mes gencives et j’essaie de compter les dents cassées. Je ne peux pas achever mon calcul. (…)
C’est maintenant seulement un rêve, un cauchemar fiévreux, les coups tombent, après on me lave à l’eau et encore des coups et encore : « Parle ! Parle ! Parle ! » et encore des coups, je n’arrive pas à mourir. Mère, père, pourquoi m’avez-vous fait si fort ? »
Mon rôle aussi approche de sa fin. Je ne l'écris plus, cette fin. Je ne la connais plus déjà. Ce n'est plus un rôle. C'est la vie.
Et dans la vie il n'y a pas de spectateurs.
Le rideau se lève.
Hommes, je vous aimais. Veillez !
Un lâche perd plus que sa vie. Il a perdu. Il a déserté l'armée glorieuse et il s'est exposé même au mépris de son ennemi le plus bas. Et même vivant, il ne vivait plus. Parce qu'il s'est exclu de la collectivité. Il a essayé, plus tard, de réparer plus ou moins, quelque chose, mais sans jamais pouvoir gagner la confiance de ses camarades. Ce qui est plus terrible en prison que n'importe où ailleurs.
Et je le répète encore une fois : nous avons vécu pour la joie, pour la joie nous sommes allés combattre et pour la joie nous mourrons.
Que le chagrin ne soit jamais lié à notre nom.