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Citation de AuroraeLibri


Quand il la posséda, il l’aima avec une dévotion de fanatique. Elle fut sa fille, sa sœur, son épouse. Il adorait en elle sa pâleur, son air maladif, toutes ses délicatesses de jeune femme souffrantée qu’il n’osait toucher de ses mains durcies. Il n’avait jamais aimé ; lorsqu’il cherchait dans ses souvenirs, il trouvait, comme unique tendresse de sa vie, la tendresse sacrée que sa mère lui avait autrefois inspirée pour une sainte Vierge blanche qui souriait mystérieusement sous ses voiles, au fond d’une chapelle de son village. Il crut retrouver cette sainte Vierge dans Marguerite ; c’était le même sourire discret, la même tranquillité sainte, la même bonté attendrie. Dès les premières heures, il avait fait de sa femme une idole et une reine ; elle gouvernait au logis, y mettait un parfum d’élégance et de bien-être, changeait la froide maison bourgeoise que l’ancien ouvrier avait fait construire, en une retraite close et sentant bon, toute tiède d’amour. Pendant près d’un an, Férat s’occupa à peine de ses ateliers ; il fut tout à ce bonheur exquis et nouveau pour lui, d’avoir un être frêle à aimer. Ce qui le charmait et le touchait parfois jusqu’aux larmes, c’était la reconnaissance que lui témoignait Marguerite. Chacun de ses regards le remerciait de la félicité et de la richesse qu’il lui avait données. Elle restait humble dans sa souveraineté ; elle adorait son mari comme un maître, comme un bienfaiteur, en femme qui ne sait de quelle tendresse assez profonde payer sa dette de bonheur. Elle s’était mariée sans regarder le visage hâlé de Férat, sans réfléchir à ses quarante ans, poussée simplement par une amitié presque filiale. Elle avait deviné que cet homme était bon. « Je t’aime, disait-elle souvent à son mari, parce que tu es fort et que tu ne dédaignes pas ma faiblesse ; je t’aime parce que je n’étais rien et que tu as fait de moi ta femme. « Et Férat, en entendant ces mots murmurés d’une voix humble et caressante, la prenait sur sa poitrine, avec des élans ineffables de cœur.

Chapitre II
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