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Citation de AuroraeLibri


Pendant la longue scène de désespoir à laquelle elle venait d’assister, la vieille femme avait gardé son attitude rigide et implacable. Elle goûtait une volupté farouche à écouter ces sanglots et ces cris de la chair. La confession de Madeleine lui ouvrait un monde de désirs et de regrets, de jouissances et de douleurs qui n’avaient jamais secoué son corps vierge, et dont le tableau lui faisait songer aux joies cruelles des damnés. Elle se disait qu’ils devaient rire et pleurer ainsi, ceux que les flammes lèchent et caressent de leurs langues ardentes. Dans son horreur, il y avait une curiosité poignante, la curiosité d’une femme qui a vieilli au milieu de besognes grossières, sans connaître d’homme, et qui entend brusquement le récit d’une vie de passion. Peut-être même envia-t-elle un instant les plaisirs amers du péché, les brûlures infernales dont la poitrine de Madeleine se trouvait déchirée. Elle ne s’était pas trompée : cette créature venait de Satan, le Ciel l’avait mise sur la terre pour la damnation des hommes. Elle la regardait se tordre et s’écheveler, comme elle eût regardé les tronçons d’un serpent remuer dans la poussière : les larmes qu’elle répandait lui paraissaient être les larmes de rage d’un démon qui se voit démasqué ; ses cheveux roux dénoués, son cou gras et blanc gonflé de soupirs, tous ses membres vautrés à terre lui semblaient fumer d’une odeur charnelle et nauséabonde. Elle retrouva Lubrica, le monstre aux seins larges, aux bras tentateurs, l’infâme courtisane cachant un tas de boue infecte sous le satin de sa peau nacrée et voluptueuse.

Chapitre VII
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