Il faut imaginer une jeune femme, l’air indomptable, avec une lueur dans le regard qui donne à penser aux villageois faisant cercle autour d’elle, la dévorant des yeux et l’invectivant à voix basse, qu’elle ressemble à une bête dans la jungle, il faut l’imaginer en pleine conférence de presse, où les journalistes la filment et la prennent en photos (la plupart se rappellent que l’un des leurs a parlé d’elle comme d’un croisement d’Angela Davis et de Jesse James). Elle voudrait mourir, mais elle est aussi déterminée à sauver sa peau, comme toute sa vie elle a cherché à sauver son honneur, jusqu’à faire partie d’un groupe de bandits, de dacoïts.
(début du texte que Linda Lê consacre à Phoolan Devi, p. 77)