Le sentiment d’être dessaisi de sa propre vie que ressentent toutes celles et ceux qui doivent quitter leur domicile s’accompagne d’une résignation qui ne favorise pas le respect de leur personne. Les droits des personnes vieillissantes doivent faire l’objet de la plus grande attention, ils sont aujourd’hui trop souvent considérés comme secondaires, passant loin derrière les interdits censés les protéger… mais qui ont plus souvent vocation à protéger les institutions ou à rassurer l’entourage. Si l’on veut s’en persuader, il suffit de se pencher sur les règlements intérieurs des Ehpad. L’immense majorité des dispositions ne vise pas à préserver l’autonomie des séjournants, mais bien plutôt à « couvrir » l’institution.
À l’inverse, « étiqueter » une pathologie imaginaire pour lui donner une réalité est beaucoup plus rapide lorsque l’on peut en tirer un profit. Les industriels du médicament ont bien compris que la prescription d’un médicament passe par l’identification d’une pathologie, peu importe qu’elle soit réelle ou inventée de toutes pièces.
On ne peut attendre toutes les réponses de la société, mais le regard qu’elle porte sur le handicap est essentiel. Comment accepter les différences quand on est renvoyé sans cesse à la normalité et au culte de la performance ?