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Citation de emdicanna


La technique a depuis peu évolué beaucoup plus vite que la culture, au point que nous ne sommes plus en mesure d'élaborer une représentation générale des développements de toute sorte qui sont en train de s'accomplir. Aussi avons-nous désormais le sentiment d'être dans le temps de tous les possibles, qui est aussi, par les choix qu'il offre et les questions qu'il invente, le temps des grands désarrois. Nous en venons à nous demander si l'abus de notre domination sur la nature pourrait conduire à la destruction de tout ce que nous avons appris à dominer. Dans le doute, que devons-nous faire pour garantir que le pouvoir de l'homme ne deviendra pas une malédiction pour lui ?
Cette question tiraille nos consciences et creuse nos traits, car les termes de sa réponse révèlent des antagonismes. D'une part, l'accroissement de notre puissance suppose un accroissement équivalent de nos responsabilités et de notre vigilance. Mais d'autre part, la rigueur obligatoire de la responsabilité est en contradiction avec les discours de libération, d'émancipation, d'évasion, de jouissance qui sont communément tenus. La responsabilité en vient à ressembler à une entrave dont l'immensité même invite à l'esquive, c'est-à dire à son exact contraire, l'irresponsabilité. Nous assistons en sommes au gonflement simultané de deux tendances opposées. D'un côté, une puissance dont les conséquences impliquent qu'on limite son pouvoir d'action. De l'autre, une crise portant justement sur la notion même de limitation, d'interdit, de renoncement. Ce paradoxe est l'un des inconforts de la modernité. Son dépassement reste l'un de ses principaux défis.
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