Ne dites pas...
Nous sommes le combien aujourd'hui?
Mais dites...
Quel est le quantième du mois?
Dans la conversation courante, on dit souvent aujourd'hui : nous sommes le combien? Mais un langage châtié et le style correct exigeraient : quel est le quantième?
En effet, combien (du vieux français com, comme, et de bien, bene), marque la quantité : combien d'étoffe, le nombre : combien de poulets, le prix : combien avez-vous payé? ou signifie : à quel point : combien il est brave ! Mais il ne marque pas le rang.
Quantième, c'est-à-dire à quel ordre numérique (de quant, latin quantus : combien grand) marque le rang et désigne le chiffre qui distingue chaque jour : le quantième du mois.
Ne dites pas...
Je ne m'en rappelle pas.
Mais dites...
Je ne me le rappelle pas,
ou Je ne m'en souviens pas,
ou mieux Il ne m'en souvient pas.
Rappeler est composé du préfixe re (latin re, rursus) qui marque le renouvellement, le redoublement, et de appeler (appellare). Rappeler, c'est donc appeler de nouveau, faire revenir en appelant, et, par extension, faire revenir en la mémoire. Ce verbe est actif et veut un complément direct. On appelle quelqu'un, on rappelle un souvenir, on se rappelle une chose. C'est donc une faute de dire : se rappeler de quelque chose, ou s'en rappeler (se rappeler de cela).
Se souvenir vient de subvenire, sub, venire : venir par dessous. Ancien français, sovenir, puis souvenir. Souvenir exprime l'idée d'une notion oubliée qui revient dans l'esprit en se glissant sous d'autres notions que l'esprit a reçues postérieurement. C'est pour cela que : il m'en souvient, il me souvient que, c'est-à-dire : il me souvient par en-dessous que (mihi subvenit), est préférable à : je m'en souviens, je me souviens de... .
D'ailleurs, la langue littéraire disait autrefois : il me souvient. C'est la langue populaire qui a créé et répandu le néologisme : je m'en souviens.